Je dois reconnaître avoir été surpris de voir la faiblesse de la note de cet album sur ce site (5.0, et même 3.8 pour mes éclaireurs !). Comme si l'on se devait, par bon goût, ne pas aimer Chinese Democracy, ce vulgaire album d'un Axl Rose misanthrope salissant l'image des Guns. Essayons de voir qu'on peut, même en aimant le line-up originel, reconnaître les mérites de cet OVNI.
Revenons tout de même brièvement sur l'histoire de cet album, sans doute une des plus extraordinaires de l'histoire du rock. Axl Rose, dans sa mégalomanie, tej un par un tous les membres historiques de Guns n Roses suite au dernier album de reprises assez moyen du groupe "Spaghetti Incident". Il faut dire que ces membres avaient quelques problèmes de drogue à l'époque, et que le conflit musical était marqué entre le blues de Slash (qui formera Slash's Snakepit avec les chansons parait-il refusées par Axl Rose) et les influences indus naissantes chez Axl Rose.
Bref, Axl, seul membre historique restant avec la "marque" GnR, recrute des mercenaires, prend son temps (une douzaine d'années), passe des milliers d'heures en studio, dépense 20 millions USD. Je me souviens à l'époque d'avoir suivi sur internet l'avancement du projet au moins 2 fois par semaine. Pendant 2 ans. Jusqu'à novembre 2008, quand Axl, enfin, nous pond son nouveau projet : Chinese Democracy. "La grande pyramide du rock", comme dira Philippe Manoeuvre.
Dès la chanson titre Chinese Democracy, on est sur le postérieur. L'album ne ressemble à rien de connu, du moins quand on est porté vers le blues rock. La production est surpuissante (on aime ou pas), les riffs sont tranchants (et valent largement ce qu'a fait Slash depuis la fin de GnR), la voix d'Axl est au top. Les chansons sont souvent excellentes : Prostitute, There Was A Time ou Better sont particulièrement inspirées. Bons lyrics aussi (voir l'ambigu Sorry...). Même si, il faut le reconnaitre, deux ou trois chansons ne sont pas tout à fait au niveau (If The World est passable, mais Rhiad and the Bedouins ou Scraped ne méritent pas de figurer dans un album étant le résultat de 10 années de travail). En résumé : des bon gros riffs qui tâchent (Better, IRS), et même des solos dantesques (There Was A Time, qui est à mon avis l'une des meilleures chansons de la décennie...), de l'épique très réussi (This I Love, Prostitute, Madagascar).
Alors certes, il n'y a plus une once de blues, et c'est ce qui a dû décontenancer un certain nombre de fans historiques du groupe. Certes, on peut être surpris par la surproduction de cet album, qui n'a pas la spontanéité du GNR primitif. Mais l'erreur est justement de comparer Chinese Democracy à Appetite for Destruction et aux Use Your Illusions. Il ne faut donc pas considérer ce Chinese Democracy comme un nouvel album de Guns n' Roses, mais bien seulement comme ce qu'il est vraiment : un projet solo très ambitieux du mégalomaniaque Axl Rose. Si l'on s'en tient à cela, Chinese Democracy est un grand album.