On ne peut rien dire, Chris nous séduit. Chris c'est cette femme, cette créature un peu elfique, ce sosie d'un genre nouveau, ce couple à elle toute seule. Chris après la mélancolie du premier passe au sexuel, à l'organique. On l'écoute, ce disque, après avoir entraperçue quelques pépites notamment Voleur de soleil, 5 dollars et La Marcheuse, chef-d'oeuvres absolus pour tous les losers ayant marre de losener et fièrement relèvant la tête, font un pied de nez à cette société qu'est la nôtre. Chris, c'est l'album d'une mutation, d'un passage chimique d'un état à un autre, une sublimation dans le jargon : car oui, Christine était liquide, toute eau et sentiments épars, un ruisseau émouvant. Chris est un gaz lacrimogène qui vous stoppe en pleine course, vous brûle la paupière et vous fait hurler "qui est ce con qui m'a fait ça" ? Finalement, on est content de l'avoir reçu, ce gaz, même si il pique un peu. Cet album est une bombe de renouveau, de fierté, de muscles, de poils et même d'odeurs, si j'ose dire, il pue la transpiration et les bonnes hormones. C'est un album de miasmes et de cœur. Le rythme s'intègre et les paroles claquantes résonnent comme des fouets de toreador (clin d'oeil à son costume dans la marcheuse) : "La solitude c'est parfait, quand ça tape ya personne qui pleure" "I grieve by dying everynight baby", "T'appuies au hasard pour la faire jouïr" (qui ne la pas vécu ?), "c'est pas forcément que je fuis les fantômes mais plutôt que les gens parlent fort dans mon dos" "machine de guerre aux yeux mouillés" et j'en passe des meilleurs. Chris c'est une femme au masculin, jamais vu une femme aussi forte et bouleversant à ce point la frontière entre les genres, dérobant les codes masculins pour mieux les détourner et en faire jouir le ridicule (parfois) ou le génial. On apprend à l'aimer, à désirer cet être mystique et à mieux regarder aussi autour de nous, ces femmes et ces hommes qui composent notre monde, tous ces "machin-chose" majestueux que la société avait doté d'un masque de laideur asphyxiante. Sous les ronces, on trouve des Chris. Et dawn, elles sont belles.