Comment commencer un album sur la certitude que l'univers s'effondre sans qu'on ait eu le temps de commencer à le comprendre ?
Comment agir dans un monde où l'on est plus, par la force des choses, maître de notre destin, plus responsable de nos actes ?
Et surtout, comment s'en sortir ?
Mieux vaut refuser les conséquences de notre chute et essayer de donner du sens au présent. Mieux vaut se rebeller, ne pardonner à personne. Mieux vaut sombrer jusqu'à l'ivresse, blâmer jusqu'à l'épuisement. Et puis tant qu'à faire, faire tout ça jusqu'à la joie, finalement.
Avec Chuck, Sum 41 montre l'image la plus mature du punk-rock américain. Au faîte de leur gloire, au firmament du genre, ils délivrent leur ressenti désabusé du monde occidental, et nous rappellent cruellement à la réalité. En faisant résonner désastre écologique, détresse affective, complaisance dans la solitude et la fin de tout, ils incarnent l'énergie du désespoir, dessinent au marqueur indélébile la posture qui deviendra celle de la génération Z (qui ne les aura pourtant jamais écouté, c'était la musique de leurs grand-frères). En acceptant, puis refusant la fatalité, à leur manière. En se relevant, envers et contre tout. En vivant leur vie de Canadiens blancs, skaters et tatoués.