La toute première fois que j'ai entendu Clandestino et Desaparecido, c'était en été 98 sur une radio suisse. J'avais 14 ans et n'avais plus pu me sortir ces chansons de la tête jusqu'à ce que mon père, séduit lui aussi, achète l'album quelques jours après sa sortie. Le cd a rapidement fait le tour de la maison, mon frère, ma sœur et moi voulions tous notre enregistrement sur cassette même si l'album tournait régulièrement dans le salon.
J'ai immédiatement eu un véritable coup de foudre pour cet artiste qui m'a littéralement happé dans son univers à la fois coloré et mélancolique, avec ses mélodies entêtantes qui font fusionner reggae, latino et rock, le tout entrecoupé ou relié par des extraits radiophoniques, des bruitages et des sons de la vie courante, ce qui deviendra la marque de fabrique de l'artiste.
Ce qui me plaît, c'est ce côté artisanal, imparfait mais transpirant de sincérité qui nous embarque dans un voyage vers de lointaines contrées. Mais pas un voyage touristique conventionnel plutôt une expédition en mode globe trotteur, à l'arrache, avec peu de confort et beaucoup d'aléas mais plus enrichissante que n'importe quelle encyclopédie.
J'aime chaque chanson de cet album, avec depuis toujours une préférence particulière pour "Malegria" et "La Mentira" qui n'ont jamais quitté ma playlist. J'aime l'univers dense que Manu Chao a tissé autour de son disque, la simplicité de son discours, sa patte sonore, les illustrations faites de collages et d'assemblages, à l'image de sa musique, elle-même universelle avec quelque chose d'enfantin, de chaleureux et de rassurant malgré l'amertume ou la tristesse qu'évoquent certains titres.
Cet album, comme le reste de sa discographie d'ailleurs, fait donc partie de mes indispensables et plus encore (si c'est possible) depuis que j'ai vu le monsieur sur scène pas plus tard que la semaine dernière.
Pendant près de trois heures, avec la complicité énergique de La Ventura (version minimaliste de Radio Bemba) j'ai pu constater à quel point ce mec est vrai, passionné, talentueux et surtout généreux avec son public. Il a littéralement irradié les spectateurs, ils nous a arraché à notre quotidien pour une pause festive quelque part sur une autre planète, sa planète, celle ou j'ai atterrit il y a seize ans, par une chaude après midi d'été.
Ce fut la gifle ultime, celle que j'attendais et qui me permettra désormais de tenir tête à ses éventuels détracteurs!
Je le dis haut et fort: Oui Manu Chao est un putain de grand artiste! Et c'est même un putain de Grand Homme!!