Je n'écoute pas réellement de rap. Je connais deux ou trois chanson par-ci par-là, des standards et des trucs contemporains. J'ai d'abord écouté Les Prélis, et je n'ai pas tout de suite apprécié : c'était du trash pour dire de faire du trash, du cul cul cul et deux gamins paumés de Rennes qui s'amusaient seulement à s'autotuner pour faire un truc un peu moins bien qu'Odezenne, ou que Vald, ou que Lorenzo. Et puis, j'ai réécouté : j'ai un peu mieux compris les références - qui sont multiples, du classe "je ne vous aime pas non plus comme Maurice Pialat, sous le soleil de Satan le nez dans la neige" au moins classe "ensemble du Real, comme Karim Benzema" - et j'ai commencé à vraiment apprécier le style et l'univers de Foda C et de Lujipeka.
Certes, c'est dark, c'est du cul pour le cul ("sans prélis ça rentre tout seul") mais derrière ces paroles trash se cachent des thèmes bien plus profonds (la solitude à l'école dans un morceau comme Les Prélis ou dans la litanie sombre L'école) et une vraie invention musicale : dans Les prélis, on doit attendre 2 minutes 30 pour arriver au vrai rap, qui est, de ce fait, vraiment jouissif. J'aime également le fait qu'ils continuent à lier tous leurs morceaux. L'exemple le plus parlant de ces liens entre les chansons est sûrement celui de la tuerie de Columbine, qui traverse vraiment toute l'oeuvre des deux Rennais (dans des titres comme Elephant, mais aussi Littleton mais aussi le titre de l'album, qui fait référence à Bowling for Columbine) ou encore le symbole de la colombe à laquelle on appose l'INE, Identifiant National Étudiant.