Oui, c’est du Led Zep donc toujours bon à prendre, même les fonds de tiroir (et ici, on s’en approche). Car en 1982, le groupe n’existe plus depuis 2 ans et la mort de John Bonham y a mis un point final, le genre de coup dont on ne se relève pas. Bien sûr, il y aura les tournées en duo de Page et Plant dans les années 90 (excellentes au demeurant), une reformation exceptionnelle à Londres en 2007 avec Jason Bonham à la place de son père. Mais il faut se résoudre à cette évidence : il n’y aura jamais de nouvelles chansons de Led Zep. Alors que les bootlegs du groupe pullulaient dans le marché des collectionneurs-nostalgiques-complétistes, Page a l’idée de sortir un album d’inédits enregistrés entre 1970 et 1978, histoire de mettre un point final à l’histoire. Bon, la majorité de ces morceaux provient des sessions de «In through the out door » pas vraiment enthousiasment, le groupe était alors proche de la fin et sans grande imagination, tournant un peu en rond, essayant en vain de retrouver un peu de la splendeur passée mais voilà ni les corps ni les esprits fatigués ne suivaient, sur fond de lassitude et d’excès en tous genres. La 1ère face comprend les morceaux les plus anciens : «We're gonna groove» est un mixage studio d'un enregistrement live en 70 de cette reprise de Ben E. King jouée en ouverture de cette tournée. L'énergie dégagée par le groupe y est irréprochable.
Il n’est pas bien difficile de deviner que «Poor Tom» est un morceau laissé sur la touche du 3ème album, on y retrouve la même ambiance acoustique bucolique, une chanson pas spécialement inférieure à celles de cet album. Mais la version live de «I can't quit you babe» n’apporte rien, ça n’est pas un inédit et l’interprétation n’est pas irréprochable. «Walter's walk», de 70 également, est un très bon hard rock punchy, qui aurait facilement pu être sélectionné pour Physical Graffiti. La 2e face est constitué de morceaux non retenus de «In through the out door » ainsi qu’un « Bonzo’s Montreux » de 1976, hommage à cet immense batteur mais qu’apporte ce titre répétitif ??? A la limite, «Darlene» et «Ozone Baby» sont loin d’être exceptionnelles mais rappelez-vous les mornes «Fool in the rain» ou «Hot Dog» de l’album, elles n’ont pas forcément à rougir. Le meilleur est pour la fin (ouf !) avec un « Wearing and Tearing » musclé en diable et dans lequel on retrouve la nitroglycérine qu’était ce groupe à son meilleur, on y trouve presque une rage punk (quand on sait ce que les punks pensaient de Led Zep !!!). Pas de surprise, lorsqu’en 1990, Robert Plant joue avec une pléiade de stars au festival de Knebworth (Macca, Clapton, Pink Floyd, Genesis…) et qu’il invite en rappel son vieux pote Jimmy à la surprise générale, c’est ce titre-là qu’ils ont interprété dans une version dantesque, emportant tout sur son passage ! Quel bonheur de les retrouver ainsi. Cette prestation ouvrait la voie aux retrouvailles en duo des années 90 avec 2 albums et tournées à la clé. Mais en 2007, Plant dira non à une reformation qu’aurait souhaité Page, au moins pour une tournée des stades. Au final, un album court et inégal, à l’intérêt artistique limité, il y avait sans doute mieux à faire vu les archives du groupe, mais ça reste du Led Zep et ça, c’est unique !