"Coda" fait un peu office de mal aimé dans la discographie du groupe...il ne s'agit d'ailleurs pas vraiment d'un album de Led Zeppelin à proprement parler...en fait sa raison d'être n'est pas très glorieuse : après la dissolution du groupe qui suivit la tragique mort du divin batteur (coup de grâce pour un groupe qui avait déjà du plomb dans l'aile...) Jimmy Page a été obligé (par contrat avec sa maison de disque) de sortir un dernier album. Le sorcier de la guitare a donc été obligé de ressortir de vieilles bandes d'enregistrement encore non exploitées sur un album...en résulte une compilation de chutes de studio....fortement bancale! Oui, au début je n'aimais pas du tout "Coda" même!
Mais avec le temps...j'ai mieux compris pourquoi je trouvais cet album si "nul" : en fait cela ne vient pas de la qualité des chansons prises séparément...mais de l'enchaînement des chansons (qui fonctionne assez mal globalement) et surtout du manque flagrant de travail inédit! Car il faut reconnaître (en tout cas c'est mon avis) que le seul intérêt que présente ce disque (et qui n'est pas des moindres) est de proposer une poignée de chansons géniales qui auraient dû absolument figurer sur les albums précédents du groupe! On retrouve notamment un superbe titre folk "Poor toom" qui aurait dû (et pu?) trouver sa place sur le fabuleux troisième album...sa mélodie est très subtile et beaucoup plus attachante qu'il n'y paraît, la rythmique est faussement discrète et groovy à souhait...une pépite! Les deux autres tueries du disque sont bien entendu ces deux pépites qui n'ont pas été retenues sur "In trough the out door" et en auraient largement amélioré la qualité : "Darlene" qui joue la carte d'un boogie rock fiévreux et répétitif totalement entraînant, et "Wearing and tearing" qui joue la carte du...punk rock...oui sur un morceau Led Zeppelin laisse libre cours à une véritable violence (et fraîcheur) dans lequel ils s'amusent à humilier les punks sur leur propre terrain (les paroles sont particulièrement délicieuses d'ailleurs...), on voit ici que le groupe n'avait pas renoncé à se battre...contrairement aux apparences. Quant-à "Ozone baby" que certains s'empresseront de trouver agaçante en raison de son caractère répétitif...c'est un excellent titre rock très accrocheur de plus qui montre que même sur le déclin le groupe avait encore de belles cartouches en réserve! En dehors de ces quelques perles d'exception on a : un "Walter's talk" pas inoubliable du tout, et une version live de "I can't quit you babe" morceau dont je me suis toujours un peu foutu à la base...alors en "live" cet espèce de blues balbutiant et impersonnel des débuts ne me convainc toujours pas plus (désolé pour les fanatiques du premier Led Zep mais ce genre de morceau ne m'a jamais parlé...c'est pas mauvais hein mais bon le groupe a tellement fait mieux depuis dans un registre blues...). La version live de "We're gonna groove" qui ouvre le disque est une bonne reprise...pas mauvaise...mais bizarrement il y a quelque chose qui empêche le titre de décoller complètement (peut-être le gommage maximal du son live d'origine pour lui donner une apparence de studio?). Le solo de batterie "Bonzo's montreux" resservi pour rendre hommage au défunt batteur est pas mal mais vraiment peu représentatif du génie du gars...surtout si on le compare au suprême "Moby dick" du deuxième album...
"Coda" est donc une compile assez inégale et bancale...dispensable pour les non-fans...mais où on retrouve une poignée de grandes chansons (qui nécessitent peut-être plusieurs écoutes isolées pour être appréciées pleinement à leur juste valeur...) et qui rendent tout de même l'achat (ou l'écoute) de ce "Coda" réellement intéressante. Maintenant il ne faut pas s'attendre à un album de Led Zeppelin...prendre conscience du fait que le groupe n'était déjà plus...et que la moitié de l'album environ est légèrement dispensable et superflue comparée à l'autre qui est grandiose tout de même!