Est-ce parce que "le rock" est en fin de vie, comme le prétend la presse anglaise obnubilée par le succès commercial des musiques électro et du rap, que ses plus brillants éléments (Alex Turner, Miles Kane donc) se sont senti plus d'affinités avec les pionniers des débuts des années soixante qu'avec les morveux de leur génération ? En tout cas, après les excellents Rascals dont on a regretté l'insuccès, "Colour of the Trap" devrait imposer au monde le songwriting aussi classique (Lennon reste la référence, mais il y en a bien d'autres...) que "classieux" de Miles Kane. On déplorera quelques faiblesses gluantes en milieu de "première face" (oui, cet album est fait pour le vinyle), vite rattrapées par un final brillant, mais il y a dans "Colour of the Trap" quatre ou cinq chansons pour lesquelles de nombreux compositeurs vendraient leur mère, sans parler de ces interventions à la guitare, aussi lumineuses que concises, dont Miles a le secret. "Colour of the Trap" se révèle au fil des écoutes pas si loin que cela de la perfection que Miles finira bien par atteindre un jour. [Critique écrite en 2011]