Comedown Machine
6.1
Comedown Machine

Album de The Strokes (2013)

Lundi 18 mars 2013, fin d'après-midi, journée a priori habituelle. Je fouille un peu les news musicales en écoutant le dernier album de BRMC jusqu'à tomber sur un lien Pitchfork qui permet d'écouter le dernier album des Strokes en streaming. Le fan des Strokes que je suis ne peut pas rester en place plus longtemps. L'excitation est à son comble, j'y crois. Je suis déjà prêt à l'adorer comme Is This It, à en être addict comme Room On Fire, à l'écouter encore et encore comme First Impressions Of Earth, et puis surtout, à effacer la cruelle frustration que j'avais eue en écoutant Angles. Et ce soir-là, j'apprécie l'album. « All The Time » était effectivement un bon avant-goût, pensé-je. Empli d'enthousiasme, je l'adore déjà et je me dis qu'Angles fait pâle figure devant lui. Tout ce que j'entends me ravit et c'est donc avec le sourire que je vais me coucher.

Et puis la deuxième écoute est arrivée. Tout s'est effondré, ou, devrais-je dire, toute l'illusion s'est écroulée. L'excitation liée à la sortie de l'album s'est estompée. J'ai vu les morceaux s'enchaîner les uns les autres, Tap Out et puis Welcome To Japan, 80's Comedown Machine, jusqu'à Call It Fate, Call It Karma. Et quand la fin de l'album est venue, je me suis rendu compte que j'étais incapable de citer plus de quatre chansons au-dessus du lot, que la voix de tête de Julian Casablancas m'insupportait, que les synthés en permanence dénaturaient tout (en particulier Partners in Crimes), que les ballades m'ennuyaient sérieusement (j'ai vraiment du mal à aller au bout de Call It Fate, Call It Karma), que je ne retrouvais plus de profondeur dans leurs morceaux parce que Julian préfère le synthé à la basse, que je ne retrouvais plus d'énergie, ni même d'envie dans cet album. C'est probablement ce dernier point qui pourrait tout expliquer. Difficile de croire que les Strokes ont été en studio avec autant de plaisir qu'à leurs débuts. Difficile surtout de croire qu'il reste le moindre esprit de groupe...
Bref, j'ai pris conscience que les Strokes préféraient faire de la pop 80's (c'est même le titre d'une chanson !), qu'ils avaient tourné la page sur Is This It et Room On Fire et surtout que j'en étais resté à espérer qu'ils ressortent un album aussi bon.

Je n'ai fait là que transcrire ma déception. Après tout, je n'ai pas déprécié cet album mais... J'ai passé des semaines, des mois, à écouter les Strokes en boucle. Ce sont certainement leurs albums que j'ai le plus écoutés ces dernières années. Et voilà qu'après la frustration Angles vient la résignation Comedown Machine. Comme on en discutait avec un ami, le groupe n'a pas réussi à passer les années 2010, pas réussi à renouveler ce qu'ils avaient apporté avec Is This It au début des années 2000. La question n'est pas de savoir si j'apprécierai ce qu'a fait le groupe dans 20 ou 30 ans, plus particulièrement à leurs débuts, la question est plutôt de savoir s'ils peuvent ressortir un album aussi enthousiasmant qu'Is This It ou Room On Fire, mais dans l'ère du temps, avec la maturité qu'ils ont acquise. La réponse est clairement non. Je ne peux pas être aussi catégorique qu'avec la sortie de cet album qui donne une réponse assez franche. D'ailleurs, on pensait qu'Angles signerait la fin du groupe, chacun voulant faire sa propre carrière solo. Ça n'a pas été le cas mais qu'en est-il aujourd'hui ? En est-on vraiment si loin ?

Pourquoi avoir mis 6 alors ? J'apprécie l'album comme un album pop, je pourrais bien descendre la note à la hauteur de ma déception mais j'essaie d'être le plus objectif possible (c'est dur avec les Strokes). Je vais donc quand même évoquer les chansons qui me paraissent au-dessus (l'album n'est pas nul, je suis déçu, c'est tout. Tout n'est pas à jeter...) : All The Time, Happy Ending, Welcome To Japan (qui aurait pu être vraiment bonne) malheureusement gâchée par les « ouh ouh ouh » aigus de Julian, et puis Partners in Crime dénaturée par les à-coup insupportables du synthé. Le reste n'a rien de bien spécial, disons que ça s'écoute sans véritablement prendre de plaisir. Petite remarque quand même : dès que la basse reprend place, que la voix de Julian Casablancas ne part pas dans des aigus délirants et agaçants, qu'il reprend sa voix habituelle, j'apprécie. C'est fou comme un synthé et une voix aiguë mal maîtrisés peuvent m'insupporter. Pour être clair à propos du clavier, le problème ne vient pas de l'instrument. Non, je n'ai pas de haine particulière contre le keyboard. Au contraire. Mais sur cet album, son utilisation qui donne un côté pop 80's m'agace prodigieusement. Le côté mielleux, marshmallow, ça n'est pas mon truc et sur certaines chansons, c'est poussé à l'extrême. Et tant qu'on y est : aux oubliettes Call It Fate, Call It Karma, je ne comprends pas l'intérêt de cette ballade insipide et chiante à mourir.

Trois ans après Angles, on est heureux d'apprendre que les Strokes sortent un nouvel album. On l'est moins quand, une fois qu'on y a jeté une oreille, on se rend compte qu'ils ne font pas bien mieux qu'Angles et que Julian ne peut plus se passer de ses synthés. On se résigne enfin et on se dit que finalement le nom de l'album n'est pas si loin de la réalité : la machine Strokes n'a fait que décliner et on n'ose même plus croire au miracle d'une remontée. Enfin, on peut toujours se consoler avec leurs trois premiers albums.

(en relisant ma critique et compte tenu de ma déception, je décide de baisser ma note)
Frider
5
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le 23 mars 2013

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Frider

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