Ce live de 40 mn retranscrit quelques morceaux de la tournée 84 des Cure à un moment-clé de leur histoire. Après une trilogie « froide-glaciale » pour débuter leur carrière et un 1er chef d’œuvre (« Pornography » en 82), il s’orientait avec « The Top » vers un répertoire plus accessible, oui, plus pop osons le mot, ce que certains fans de la 1ère heure ne leur pardonneront pas. A côté de ça, le groupe de Robert Smith gagne de très nombreux/ses adeptes, les dates de la tournée sont pratiquement toutes complètes avant même que l’album ne sorte ! Et les Cure investissent maintenant de grandes salles comme le Zénith de Paris. Ce 1er live est enregistré quelques jours après ce concert parisien, en mai 84 à Londres et Oxford. Bon, commercialement, tout semble rouler et être au beau fixe pour les Cure. Artistiquement et humainement, c’est plus compliqué : « The Top » est très moyennement accepté voire critiqué ; Smith est épuisé physiquement et mentalement par cette tournée et celle de son amie Siouxsee et ses Banshees, pour lesquels il assure alors un remplacement comme guitariste de luxe. Succombant aux addictions de tous genres, il doit abandonner les Banshees pour les dates de la prochaine tournée. Il peut donc se consacrer aux Cure, dégagé de ses activités parallèles. Et cette tournée va être très réussie, pleine de puissance et d’émotions avec des sommets comme « Charlotte sometimes », « A Forest » ou encore le « Killing an Arab » final. Seuls deux titres de « The Top » sont présents. Le percutant et malsain "Shake Dog Shake" pour débuter ainsi que le totalement barré "Give Me It".
On pourra tout de même regretter que pour un 1er live, un concert intégral n’ait pas été enregistré (Londres ou Paris tiens), ce qui aurait donné une tout autre couleur à cette prestation : 40 mn de musique au lieu des 90 que durait un concert de cette tournée, c’est un peu frustrant. Et puis, le choix artistique a été fait de « gommer » presque intégralement le public entre les morceaux, ce qui pour un live est un peu gênant. Ce public se fait parfois entendre (heureusement) à l’intérieur de "10:15 Saturday Night" et "Killing An Arab". Loin d’être au bout du rouleau, on y entend, même si la performance est réduite, un groupe composé de vrais musiciens, avec un auteur d’exception (Smith of course) et qui dégage une puissance impressionnante, sans fioriture ni maniérisme. La basse hypnotique de Phil Thornalley y joue un rôle central. Du grand Cure de la 1ère période, chaotique et sombre. La 2nde plus grand public était en train de commencer.