Voici le premier témoignage live officiel de The Cure. Si les enregistrements pirates du groupe commencent à foisonner dès l'époque de "Seventeen Seconds", Cure n'avait pas encore sorti SON album live. Robert profite donc d'un break salutaire durant l'été 84 pour se ré-écouter un paquet de cassettes live de son groupe et décide de sortir "Concert" une fois l'automne venu.
Cette pause sera également l'occasion de compiler quelques vieilleries scéniques qui paraitront sur la face-b de la version cassette sous le nom de "Curiosity (Cure anomalies 1977 - 1984).
"Concert" sort sous un emballage sobre, très proche de celui d'un bootleg, il présente dix morceaux, donc pas pas un concert-fleuve, mais des extraits sélectionnés de concerts anglais du printemps, placés dans une certaine dynamique. Justement, dynamique est le qualificatif approprié pour ce disque, le son est certes un peu terne mais chaque instrument s'entend bien et le basse-batterie, très en relief, donne même un petit côté funky (la basse de Phil Thornalley sur "The Walk"). Le quintette est soudé, l'ajout de Porl Thompson - le revenant à la guitare et aux claviers (sans oublier son fameux solo de saxophone sur "Give me it") n'y est pas étranger. "Give me it" et "One hundred years" sont survoltés, Andy Anderson y excelle, "Primary" et "The Hanging garden" sont tout aussi efficaces. "Charlotte sometimes" est jouée avec beaucoup d'émotion et la version de "A forest" est inoubliable, le solo de Robert génial et on sens que son passage de les Banshees (qu'il quittera au printemps) l'a fait progresser techniquement. Le disque se clôture pas les classiques "10:15 Saturday night" et une version très rock de "Killing an Arab" qui se termine abruptement.
The Cure à ce moment-là est déjà un groupe culte et unique et saura faire plaisir à ces fans avec ce live tout à son image. "Curiosity" est aussi culte, se terminant par une version de "Forever" d'un autre monde, enregistrée au Zenith de Paris qui venait juste d'ouvrir ses portes. Juste après la sortie de ce disque, The Cure s'embarque pour sa première longue tournée américaine, sans Andy Anderson, renvoyé pour son instabilité, et sera remplacé, après l'intérim de Vince Ely des Psychedelic Furs, par Boris Williams, une connaissance de Phil Thornalley. Cure ne le sait pas, mais il va changer de statut dans les mois à venir. Mais ça ce sera une autre histoire.