L'Alliance Bleue enterrée, Tellier rime avec "Je sais ne pas me la péter"
Sur la pochette, Jean-Baptiste Mondino bâillonne Sébastien Tellier à l'aide d’une partition musicale. Le message est clair : on met la clé sous la porte de l'Alliance Bleue, on quitte Cochon Ville (1), le gourou range sa mégalomanie fabriquée au placard, et pour un temps au moins, celui de ce "Confection", le musicien va reprendre le pouvoir.
La folie réelle même si entretenue médiatiquement du garçon continuera à agacer ou à amuser mais cette fois au moins personne ne pourra lui reprocher d'en faire des caisses artistiquement, de faire le beau. En effet le Sébastien ne se fait entendre que le temps d'un morceau modeste comme du Chamfort et prétentieux comme du Air, le single "L’Amour naissant" ( http://youtu.be/dcsRiuzZbSU ) (2), tout le reste de l'album reposant sur de l'instrumental.
Sobriété et Tellier ne semblent pouvoir rimer que sur le papier et pourtant c'est le terme qui vient immédiatement à l'esprit à l'issue de ces 35 minutes de rêve suspendu.
Le Plessis-Buccardésien est un mélodiste hors pair, sa discographie est là pour le prouver, mais cette fois il se paie le luxe, non sans une certaine vanité, de ne se reposer que sur ce talent.
Pas à une contradiction près, le bonhomme nous dit "Adieu" en gage de bienvenue, ou plutôt dit-il adieu à son personnage, délivrant un air ringard et beau comme du Vladimir Cosma.
La suite sera elle aussi très cinématographique mais aussi littéraire, on croisera ici Ennio Morricone, là Douglas Sirk, là encore David Hamilton, on plongera dans la bande-son virtuelle d'un Philip K. Dick.
Un instant seulement Sébastien se fait coquin-malin et s'habille en André Verchuren sous substances, sa "Waltz" invitant Papie et Mamie à prendre un peu d'acide avant de se rendre au bal du dimanche.
A l'image de glorieux aînés tels que Gainsbourg, François de Roubaix ou encore un certain Bevilacqua, Tellier aime à travailler le tympan avec récurrence, à l'aide de mélodies faussement simplistes, il sait générer l'addiction auditive.
Voilà, il est certain que cet album ne réconciliera pas le garçon avec ses détracteurs, ses sorties (3) continueront à irriter ou à fasciner, mais il est également certain que derrière ce joueur fragile se cache avant tout un artiste de grand talent.
NB : Arrêter de se gaver de Pépitos semble avoir réussi à Mr Tellier, peut-être une piste à étudier pour notre Grand Leader afin de remonter dans les sondages...
(1) http://www.senscritique.com/morceau/Cochon_ville/critique/12932419
(2) Vous pouvez aussi faire joujou avec le clip sur http://sebastientellier.com/
(3) Nul doute qu'il va encore en faire des tonnes ce soir chez Ardison dans Salut Les Terriens.