Quand le premier album des Raconteurs est sorti, on ne voyait pas vraiment l'intérêt pour Jack White d'aller sortir un disque avec trois pieds cassés (même s'ils ne sortaient pas vraiment de nulle part) alors qu'une seule lui suffisait pour faire des merveilles. On avait tort, bien évidemment. Et quand ce deuxième est sorti par surprise, avec deux mois d'avance sur le planning, histoire de courcircuiter les vilaines copies sur le net, on avait eu si peu de temps pour s'habituer au groupe qu'il a fallu un certain temps de latence (37 secondes, le temps de l'intro de Consolers Of The Lonely) pour se dire qu'on tenait là un des albums de l'année.
Car si le premier ressemblait surtout à d'excellentes jam sessions entre potes, celui-ci a des rêves de grandeur. Jack White a trouvé ici un vrai groupe à asservir pour assumer, enfin, des morceaux avec mille instruments et autant d'influences. L'album est rempli de power-songs géniales et prétentieuses (Many Shades Of Black, Rich Kid Blues) où la voix claire et puissante de Brendan Benson se mélange à tout un déluge d'effet, le piano est partout, les cuivres surgissent à chaque refrain et le père Jack se fend de ses plus beaux solos (The Switch and The Spur).On a aussi droit à de belles ballades sudistes, tout aussi tendues que leurs voisines plus énervées, où chaque refrain a ici pour vocation de faire pleurer dans les chaumières à la seule force de la guitare folk (California Drama, Top Yourself, You're Don't Understand Me). Ce n'est pas pour rien que tout le groupe a déménagé à Nashville sous l'impulsion de Jack White.
Le groupe sort ses meilleures chansons quand il se vautre sans limite dans tous les clichés rock, folk et country, du seventies pur jus, des tonnes d'effets pompiers pour un mille-feuilles sonore qu'une bonne âme vous conseillera sûrement d'éviter pour quelque chose de plus allégé. Ne l'écoutez pas, peu de groupes seront capable de rivaliser en live avec cette bande d'apaches et tant pis si l'on frôle la crise cardiaque.