Construção
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Construção

Album de Chico Buarque (1971)

Un classique de la Música Popular Brasileira

Construcao est le 6eme album du très productif singer/songwriter brézilien Chico Buarque, l’album se place dans un contexte de dictature et vient par moments s’opposer aux temps difficiles par des sonorités aux influences bossa nova tout en proposant des textes “coup de poing” et des moment mélancoliques et dramatiques qui peuvent aussi moquer les valeurs de la dictature militaire. Ce projet représente aujourd’hui pour le Brésil un classique national intemporel qui allie une excellente instrumentation et une écriture puissante et engagée.


La manière dont Chico parle du quotidien de la dictature m’a profondément touché. Il semble se moquer des valeurs de l’Etat sans se soucier des conséquences. Cet album est un véritable cri de révolution pour lui et c’est si bien écrit, chacun des 10 morceaux de l’album sont pleins de sens et remplis d’émotions. On est directement plongés dans la position de Chico, on le sent impuissant par moment et prisonnier par d'autres. Il est prisonnier d’un quotidien insupportable dont il parle dans Cotidiano, un quotidien violent mais monotone. Chico n’hésite pas à se livrer, il nous parle des mauvaises habitudes que lui ont fait prendre cette situation politique. Comme beaucoup de gens dans le pays, il sombre dans la luxure et l’alcoolisme. La dictature plonge le pays dans une dépression qu’on pourrait presque entendre rien que dans les instrumentations orchestrales sur Construção.


Par ailleurs, Construção est la musique la plus longue sur l’album, c’est aussi la plus dramatique et la puissante en termes de thématique selon moi. Cette musique décrit la mort de 3 travailleurs (pendant la période de la dictature donc). Pour le premier, la mort est décrite de manière très formelle, comme dans un journal, ce qui rend le tout cynique. Pour le deuxième, l’histoire est sensiblement la même mais cette fois nous sommes du point de vue de la psychologie du travailleur. Pour finir, pour le troisième, les même mots sont utilisés que dans les deux première partie mais cette fois-ci il s’agit d’un suicide. L’État se moque de la santé des travailleurs et de leurs conditions, lorsqu’un travailleur meurt il est remplacé et puis c’est tout, les laborieux sont totalement déshumanisés.. La classe ouvrière est tellement insignifiante que la mort fait partie du quotidien. C’est là que réside toute la violence de cette musique pour moi.


Je vous conseille vivement cet album, il est beau dans les sonorités comme dans les paroles, il est très bien rythmé et extrêmement cohérent, c’est un incontournable.

lesuffisant
8
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le 31 déc. 2024

Critique lue 2 fois

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