Souvent cité comme le chef-d'oeuvre des Creedence Clearwater Revival, Cosmo's Factory est un album assez paradoxal. Je le trouve très hétérogène comparé aux deux précédents disques du groupe. Il y a des reprises blues totalement inutiles (Before You Accuse Me, Ooby Dooby, My Baby Left Me), des titres originaux sympathiques (Travelin Band, Lookin' Out My Back Door, Run Through The Jungle), de véritables classiques (Up Around The Bend, Who'll Stop Rain, Long As I Can See The Light) et des morceaux improbables, longs et démesurés à l'image des ambitions progressives de Ramble Tamble et de I Heard It Through The Grapevine.


Dans une certaine mesure, Cosmo's Factory est un parfait résumé de la carrière des CCR, il y a tout dans cet album, c'est une sorte de fourre tout qui en fait sa richesse mais aussi sa faiblesse. Je trouve qu'il y a un peu de facilité et de laisser aller, un côté un peu moins frontal et définitif que sur les précédents albums, une vision artistique moins définie. Ramble Tamble, par exemple, est un titre qui tente des choses mais le résultat, sans être mauvais, loin de là, n'est pas à la hauteur de ses ambitions. Et encore une fois, les reprises blues parasitent la cohérence de l'album, leur fonction bouche trou me saute aux oreilles à chaque fois que j'écoute le disque.


Après, Cosmo's Factory reste un très bon album et j'ai envers lui une sympathie énorme comme pour tous les autres disques du groupe. Les CCR ont toujours cette énergie roots, cette puissance chaleureuse unique en son genre. Et Cosmo's Factory contient quelques tueries qui figurent parmi les meilleurs morceaux du groupe : la folie pop bondissante de Up Around The Bend, la beauté paroxystique de Who'll Stop The Rain (la ballade ultime des Creedence) et de la conclusion Long As I Can See The Light. Et puis il y a évidemment I Heard It Through The Grapevine et son groove endiablé qui n'en finit jamais. J'ai toujours pensé que la réputation de Cosmo's Factory devait beaucoup à cette reprise fantastique, même si c'est un peu l'arbre qui cache la forêt.

benton
8
Écrit par

Créée

le 15 août 2016

Critique lue 572 fois

2 j'aime

benton

Écrit par

Critique lue 572 fois

2

D'autres avis sur Cosmo’s Factory

Cosmo’s Factory
steka
8

Before you accuse me ............

Mais comment diable parler de Creedence; une musique si démodée, si ringarde même probablement pour beaucoup d'oreilles contemporaines ... Et pourtant quelle pèche, quelle énergie transportait cette...

le 1 oct. 2013

16 j'aime

4

Cosmo’s Factory
Melk
10

Orgie Rock'n'Roll

En voilà un album qui mérite son statut d'album culte. Cosmo's Factory de CREEDENCE, c'est une collection de tubes qui ont marqué de leur sceau la plus belle période du Rock. L'album est composé à...

Par

le 5 mars 2014

14 j'aime

2

Cosmo’s Factory
EricDebarnot
9

Le grand initiateur

On a oublié, plus de trente ans après, que le groupe no 1 en 1970, dans les charts comme dans les cours des lycées du monde entier n'était ni les Beatles ni les Stones, mais bien les bouseux de...

le 24 mars 2015

11 j'aime

1

Du même critique

Beach House
benton
9

Critique de Beach House par benton

Je ne sais par quel miracle la musique de Beach House arrive à créer une nostalgie de rêveries insondables. Les mots ne sont pas assez forts pour évoquer le pouvoir étrange des chansons de ce groupe...

le 8 juin 2012

23 j'aime

5

Goodbye and Hello
benton
8

Critique de Goodbye and Hello par benton

Tim Buckley est presque aussi connu, si ce n’est plus, pour être le père de Jeff Buckley que pour sa musique, et c’est finalement un bien triste constat. Car il suffit d’écouter les albums de Tim...

le 1 juin 2013

17 j'aime

1

The Thin Red Line (OST)
benton
10

Critique de The Thin Red Line (OST) par benton

Thin Red Line, alias La Ligne Rouge, sans doute un des plus « beau » film de guerre qui existe, un des plus émouvant et poétique. La scène qui m’a le plus marqué, outre les sublimes plans au milieu...

le 1 juin 2013

17 j'aime