Je me souviendrai toujours du premier épisode de Cowboy Bebop. Lancement du générique déjà marquant suivi de quelques plans sous une pluie battante à la compréhension obscure avec comme fond sonore un enchainement de notes envoutantes tout droit sorties d'une boîte à musique. Je m'exclamais alors " Ouah ça commence bien quand mê...". Un harmonica interrompit brusquement mes pensées. J'étais embarqué, hypnotisé par chaque note et chaque silence de ce dernier. A l'écran, s'affichait l'espace figé tandis que l'harmonica continuait son envolée musicale à la recherche d'un signe de vie, d'un instrument pour l'accompagner. C'est chose faite lorsqu'il rencontre le Bebop ( un vaisseau spatial ). Une guitare slide s'élance alors et se mêle avec délicatesse au voyage voluptueux de l'harmonica. A l'intérieur du vaisseau, les moindres faits et gestes sont dictés, dirigés, orchestrés par le duo instrumental. Une danse aérienne s'empare donc du Bebop : Spike perfectionne son art martial au rythme de la musique quand au même moment des légumes sautent, rugissent dans la poêle de Jet Black. Plus que jamais image et musique se répondent. Ouah ! En moins de 5 minutes je suis définitivement happé par cette série. Je ne pensais vraiment pas qu'un animé pouvait procurer de telles sensations...
D'autant plus que ce n'est qu'un exemple parmi tant d'autres, l'OST a vraiment été pensée pour avoir une part entière dans cette série. Et c'est réussi. The Seatbelts et Yoko Kanno sont à l'origine de ce travail. Car oui, paraissant de prime à bord instinctive et naturelle, la musique du groupe a été étudiée et répétée maintes fois pour avoir LA version parfaite. Ca se ressent vraiment. Tel un groupe de rock progressif, la musique des Seatbelts est minutieuse. Cette dernière est éclectique, tantôt jazzy, tantôt soul, tantôt blues, tantôt rock, tous les genres y sont inclus. Une dominance des cuivres se ressent tout de même sur l'ensemble de l'oeuvre.
Quel plaisir de pouvoir écouter les versions complètes de cette OST. Alors évidemment je pourrais faire une critique détaillée de chaque titre mais là n'est pas mon but. Quelques morceaux marquants peut-être ?
Spokey Dokey dont je parle dans mon exemple à consonance blues rappelant fortement le travail de Ry Cooder sur Paris, Texas. Avec seulement deux instruments, provoquer une telle intensité, mes félécitations Messieurs les Japs !
Space Lion. Encore une envolée cette fois-ci avec des cuivres divisée en 2 parties, la première avec une solitude, une nostalgie, une tristesse littéralement pleurées par un saxophone définitivement inspiré dans ce registre et la seconde plus exotique, plus joyeuse avec des choeurs et des percussions rappelant des civilisations disparues et oubliées. Quel titre quand même !
The Egg and I. Morceau avec une connotation enfantine, pour s'adapter encore une fois avec ce que propose l'écran. Des percussions entraînantes, une guitare slide avec un riff effréné, des lignes de basse légères, quelques apparitions de cornemuse ( me semble-t-il ) et une flûte pour soupoudrer le tout. Une leçon de maîtrise.
Rain. Seule titre véritablement chanté et remarquablement bien avec un riff d'orgue éléctrique pesant dans un moment insoutenable de la série. Court solo de guitare électrique mais provoquant son petit effet. Superbe titre.
Et puis quoi de mieux que de terminer par Memory, cette fameuse " boîte à musique ". Absolument magnifique et au plus beau moment de la série...
Difficile de conclure cette critique... L'OST est parfaite ou presque, ce groupe japonais n'a rien à envier aux plus grands de la musique jazzy / blues / rock... Chaque titre fait défiler des images ne correspondant pas forcément avec les bons passages de la série. Mais qu'importe, elle nous fait littéralement voyager alternant tantôt action, nostalgie et contemplation... Alors procurez-vous d'urgence cette merveilleuse OST si vous avez vu la série, et pour ceux qui ne l'ont pas encore regardé, qu'est-ce que vous faîtes encore ici ? This is the real folk blues
See you Space Writer...