Elle était très attendue, souvenez-vous, cette deuxième fournée du collectif après la première sortie, Cozy Tapes : Friends en 2016. Une compilation qui avait réuni le groupe après le décès de leur fondateur, Yams, l'année précédente. C’était une vraie célébration de la vie et non un hommage morbide au fondateur, avec en tête des Hits absolus tels que Yamborghini High, Crazy Brazy ou encore Telephone Calls.
À peine un an plus tard, la foule était de retour avec un album qui prouvait la force impétueuse et imparable du hip-hop de Harlem, même si, il faut bien l’avouer, n'atteint les sommets que par intermittence.
L'album de 17 pistes est riche (trop riche peut-être) en invités et s'appuie évidemment, une fois de plus, sur la camaraderie qui était présente sur la première compilation. Et bien ça, c’est réussi. Tout est fait pour ressembler à un trimestre scolaire avec l'utilisation de sketchs (Just a reminder to students with drama on their minds/Auditions for the school play Bad and Boujee are being held after school today) Hahaha!.
The Mob, ainsi que leurs invités, sont là pour s'amuser et se montrer. Les thèmes familiers de la mode, du succès, de la richesse, des filles et autres sont largement dominants dans le projet, mais une écoute attentive de certains morceaux révèle des thèmes un peu plus profonds de peur, de pauvreté, de misogynie, etc. Cela met en évidence le caractère un peu flou du projet.
A$AP Rocky maintient toujours sa domination sur les autres membres de la foule, apparaissant sur 12 pistes et inventant des flux encore plus adroits et originaux et un contenu de rimes visuelles accrocheuses que dans les projets précédents. Il rime avec une dextérité si impressionnante que malgré les similitudes dans les contenus lyriques de tous les interprètes, il parvient toujours à se démarquer. C’est l’patron.
A$AP Ferg est juste derrière, mais je trouve toujours que vu son potentiel évident, il semble souvent sous-utilisé, n'apparaissant que sur 6 titres, bien que la fréquence de ses apparitions sur ce projet soit une amélioration par rapport au passé. D'autres membres de la foule se montrent, mais leur fréquence et leur efficacité globales ne sont pas aussi impressionnantes étant donné qu'il s'agit d'un projet de groupe.
Après une intro hilarante, "Skool Bus" avec Donterio Hundon, qui critique les célébrités sur les réseaux sociaux, le vrai premier titre est "Perry Aye", l'un des morceaux les plus forts de l'album. Un Jaden Smith méconnaissable chante le refrain; sa voix est baissée et déformée. Il y décrit son style de vie coûteux, rien d’bien fou, en citant Cartier, Ferrari et Dom Pérignon. Des vers courts et doux de A$AP Rocky, Playboi Carti et A$AP Nast complètent ce tube sombre et flamboyant.
La suite, ce sont des montagnes russes alternant titres sympatoches et d’autres carrément jouissifs. C’est donc inégale, parfois un peu fourre-tout mais quand ça fonctionne, le plaisir est total.
Parmi les gros moments, il y a "Blowin’Minds (Skateboard)" où Chief Keef et Playboi Carti accompagnent Rocky sur une prod excellente, typique de Pi’erre Bourne.
Carti, encore lui, flotte sur "Walk on Water". Le fils adoptif du Mob s’occupe du refrain, et chaque "A$AP member" a son couplet, un titre cool, classe et relâché.
"Bahamas" est un titre trop méconnu, pourtant c’est un véritable Banger, un skud absolu. Twelvyy, Ferg et Rocky s’unissent avec Lil Yachty, Key!, Schoolboy Q et Smooky Margielaa (14 ans à l’époque!) sur une prod terrible de Sade Da Monsta pour 3 min 15 enflammée!
Le trippant "Feels so Good", produit par Frank Dukes et Hit-boy vaut vraiment le détour. Pas d’invités, seulement A$AP Mob, entre eux, c’est vaporeux, ça sent l’sirop, c’est brumeux, trippant j’vous dis.
Puis le producteur RZA apporte sa patte sur le complètement fou "What Happens" sur lequel 3 crews -A$AP Mob, Pro Era et Flatbush Zombies- pour 9 rappeurs, déposent tour à tour leurs vers sur 22 couplets, des missiles lâchés dans un bordel jubilatoire.
L'album se termine en force avec le single "RAF". Quavo et Uzi sont là mais c’est Frank Ocean qui vole la vedette. Il est sous une forme rare sur la piste, et pour ceux qui se demandaient si Frank savait rapper, la réponse est dans le couplet le plus long de la chanson, le sien. "RAF", produit par Dun Deal est une fin de haut niveau, accompagnée du dernier sketch où le principal de la Yamborghini High University, daryl Choad sonne la fin d’l’année scolaire en remerciant chaque élève (artiste) avec un prix de l’assiduité pour Yachty. Ses derniers mots sont : Have a great life and stay coozy.
Alors oui, ce volume 2 est une petite déception par rapport à l'attente qu’il a suscité, il y a trop de monde à presque chaque titre mais il ne faut pas oublier qu’ A$AP Mob a clairement toujours indiqué que le but de ces compil’ était de s'amuser et, d'échanger des bars avec des potes et même s’il ne révolutionne pas le genre, même si Rocky semble souvent au-dessus, le contrat me semble en majeure partie rempli et a confirmé qu'en 2017, Harlem demeurait un endroit totalement excitant.