Crack The Skye est le quatrième album de Mastodon. Considéré comme l’album le plus cosmique et progressif du groupe, sa réputation fait de lui l’un des moments forts de la discographie de Mastodon. Blood Mountain étant déjà excellent, le groupe peut-il aller encore plus loin dans le cosmos ? Avec son titre en hommage à Skye, la sœur décédée de Brann Dailor, le contexte de Crack The Skye est intime et psychologique. Représentant l’air en tant qu’élément, ce quatrième opus est un gigantesque voyage interstellaire, entre questionnements métaphysiques et légende Russe.
Changement de cap.
Mastodon réduit la vitesse de sa locomotive et compose une musique plus lancinante. Un terrain propice à la réflexion. Ce qui permet à l’auditeur de prendre une place centrale et d’injecter ses expériences personnelles dans son écoute. Crack The Skye est autant un album de rock progressif qu’un album de metal. Le morceau éponyme, « Crack The Skye », est tout de même sévèrement robuste. Dans l’ensemble, les morceaux s’étirent et les structures se dispersent pour laisser place à un voyage spatial remplit d’émotions. Le sludge bourrin et terre à terre des débuts du groupe semble bien loin.
Décousu ?
« Oblivion » ouvre l’album à merveille. Le morceau est parfait, le riff démonte, l’alternance des rythmes pose le décor et la voix de Dailor est un vent d’air frais. Mais le reste de l’album n’est-il pas un peu ennuyeux ? S’orienter vers une musique plus contemplative ne la rend pas pour autant merveilleuse. La clôture de l’album est très bonne (« The Last Baron ») mais le reste du disque est assez quelconque. Le groupe envoie le pâté, là n’est pas le problème. Certains gimmicks rendent tristement anecdotique une bonne partie des morceaux. Le quatuor a sacrifié l’équilibre qu’il avait trouvé sur Blood Mountain, pour en faire un peu trop sur Crack The Skye.
L’album fourmille de bonnes idées, mais au final seulement trois morceaux se démarquent du reste de l’album (« Oblivion », « The Czar », « The Last Baron »). Les aspects progressifs sont de vraies réussites, mais le reste n’est finalement pas à la hauteur. Crack The Skye aurait pu être un Ep de génie, mais le format album ne lui sied guère. Le disque reste étonnamment dans les standards du groupe. Une semie prise de risque qui redescend comme un soufflet. Difficile toutefois de nier que certains morceaux viennent apporter un nouveau souffle à la musique des quatre américains. Son écoute malheureusement crée plus d’incertitudes que de convictions. Mastodon ne va t-il avoir du mal à se renouveler ?
Le marathon Mastodon ici : http://madafaka.fr/168-heures-discographie-de-mastodon