L'album le plus heavy (au sens « lourd » et « heavy metal » du terme) de Kiss, celui que les fans attendaient après le bizarroïde album concept aux allures symphonico-prog Music from "The Elder" et les commerciaux Unmasked (aux allures pop rock) et Dynasty (aux allures disco), et probablement celui qui leur a redonné espoir, espoirs qui ont dû être vite douchés quand on voit la suite, car de Lick It Up, en 1983, à Crazy Nights, en 1987, on a affaire à du glam metal bas de gamme et inoffensif, ne faisant rien d'autre que de suivre la mode de l'époque (ça se voit tant que ça que je déteste cette période du groupe ?).
Creatures of the Night n'invente pas grand chose non plus, il est vrai (ça flirte avec la NWOBHM de l'époque), mais il a son truc à lui, à savoir son ambiance plus sérieuse qu'à l'accoutumée (sans oublier d'être fun toutefois), ses riffs, couplets et refrains efficaces, ses guitares incisives, ses Gene Simmons et Paul Stanley plus convaincants que jamais, et surtout, un batteur jouissif et surpuissant (jouissivement surpuissant ?) en la personne d'Eric Carr (déjà présent sur MfTE mais un peu sous-exploité), indubitablement la star de cet album, qui magnifie chaque titre (y compris la ballade peut-être un peu longuette I Still Love You et le poussif Killer, véritablement sauvé par l'homme au maquillage de renard).
Son jeu est moins intéressant par la suite, mais CotN démontre à lui seul qu'il s'agissait tout simplement du meilleur batteur de l'histoire du groupe (le line up d'origine, avec Peter Criss donc, restera toujours le « vrai » Kiss, mais il n'y a pas photo une seconde à mon sens), et que le 24 novembre 1991, il n'y a pas que Freddie Mercury qui nous a été enlevé. Simmons et Stanley ont dit que s'il n'était pas parti aussi tôt, Eric aurait fait partie de Kiss jusqu'à la fin, et CotN permet là aussi de comprendre pourquoi.
Pour en revenir à CotN en lui-même, il s'agit donc d'un album de heavy metal tard flirtant avec les ténors du genre et n'ayant pas à rougir face à eux, mais je me demande quand même ce qu'il aurait donné si Ace Frehley avait réellement joué dessus (il apparaît sur la pochette mais ne faisait déjà plus partie du groupe quand l'album est sorti, trois guitaristes de session, dont un certain Vinnie Vincent, ont pris le relais).