Nos pirates écossais sont aujourd'hui devenus de simples marins d'eau douce inoffensifs. Là où ils voguaient fièrement, il y a encore quelques années, sur une mer agitée, ils se laissent aujourd'hui porter par le courant d'un fleuve : lent, immuable, rectiligne.

Alestorm a abandonné l'idée de surprendre ou de se renouveler. Il a bien compris que, quoi qu'il fasse, les puristes le prendront de haut... et il nous le fait savoir explicitement (Treasure Chest Party Quest, Pirates Metal Drinking Crew pour les plus évidentes). Plutôt que de s'acharner à se débarrasser de son étiquette de groupe bas du front Alestorm préfère en jouer et tente une réappropriation du cool par le rejet d'une norme imposée par l'élite d'une niche à laquelle ses fans n'appartiennent pas vraiment mais côtoient régulièrement, notamment en festival. En quelque sortes le groupe, dans sa posture et son discours, se place en anti-Manowar, bien qu'il partage avec lui un certain grégarisme. Sur le principe la démarche est louable, le vrai problème c'est l'écriture : c'est tout aussi con et redondant que ce qu'on peut trouver chez les Kings of Metal autoproclamés... j'aurais même tendance à penser que c'est pire. Car là où les 6 premiers albums de Manowar butent, Curse of the Crystal Coconut fait l'effet d'un prout.

Parce que pour l'instant je n'ai parlé que d'image et de posture, mais c'est aussi parce que, musicalement, y a pas grand chose à dire sur cet album. Si vous avez écouté les deux précédents, c'est more of the same essentiellement. En gros Alestorm fait des chansons à boire interchangeables, applique un vernis Metal sur une base comptine/disco/dance et tombe vite dans l'auto-citation voire l'auto-parodie. Le chant, les chœurs et le "violon" n'ont pas évolué depuis 10 ans et l'adjonction de quelques éléments Metalcore par ci par là ne vient pas foncièrement changer la donne. Quelques morceaux suivent bien une formule (légèrement) différente : Call of the Waves est très fortement marquée par le Power du début des années 2000 (Strato et Freedom Call en tête je dirais) ; Wooden Leg Part II rappelle initiallement Death Throes of the Terrorsquid puis part dans tous les sens pour devenir une sorte de medley de leurs morceaux les plus longs... La première m'est sympathique sans plus, la seconde est à mon sens le morceau le moins intéressant de l'album après Shit Boat. Globalement on est quand même pas bien loin du niveau d'un Rumahoy.

Alestorm fait du recyclage et consolide son image de fêtard tout en s'éloignant un peu plus des puristes qui le méprisent et que ses fans méprisent en retour... Alestorm ou la prise de risque zéro.

Draly
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le 30 mai 2022

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