Heavy Metal est le témoin d'une époque, une capsule temporelle qui s'ouvre sur une esthétique datée mais malgré tout influente. D'ailleurs, l'angle de la filiation artistique est peut être aujourd'hui la meilleure façon d'aborder le film ; isolé je le trouve décevant. Soyons clairs je ne m'attendais pas non plus à un chef d’œuvre d'écriture, plutôt à une série B fun, décomplexée, visuellement marquante et supportée par une superbe bande son... mais Heavy Metal a terriblement mal vieilli.
Le film est composé de plusieurs histoires courtes écrites, réalisées et animées par différentes équipes, mais aussi assez inégales en terme de qualité. Par soucis de concision, je ne m'attaquerai pas à chacune d'elle individuellement : les remarques (générales) à venir les concernent toutes, simplement à différents degrés.
La première chose qui m'a marquée, très tôt dans mon visionnage, est cette "shock value" gratuite et un peu niaise. Le magazine et le film se voulaient à l'époque subversifs, ce dernier me semble aujourd'hui complètement inoffensif, simplement beauf. Le tout semble sortir d'un fantasme d'ado de 14 ans (je pense bien sûr à Den mais aussi à Harry Canyon), même dans la parodie (Captain Sternn et So Beautiful). Heavy Metal ne choque pas (ou plus) mais il essaie si fort que c'en devient presque mignon.
Visuellement, j'attendais le film au tournant, mais l'animation est finalement assez mauvaise. Elle est saccadée et manque de dynamisme ; rien n'a d'impact, ce qui est surtout problématique lors des scènes de combat. Les techniques de rotoscopie, à la mode à l'époque et bien représentées ici, ont particulièrement mal vieilli et font un peu tâche. Cela dit, les décors sont pour la plupart réussis et certains, notamment parmi ceux de Harry Canyon et Taarna inspirés par Jean Giraud, touchent au sublime ; de part leur démesure, leur palette de couleur psychédélique et cette architecture brutaliste omniprésente.
La bande son, elle aussi, est inégale. L'ambiance musicale est excellente : les morceaux, originaux ou non, sont tous de qualité (Veteran of the Psychic War, All of You, Mob Rules... mon Dieu que c'est bien) et toujours à propos. Mais je ne peux malheureusement pas en dire autant des effets sonores, souvent cheaps, ou du jeu d'acteur catastrophique...
Heavy Metal me fait l'effet d'un essai non transformé. C'est un film qui a son importance, à n'en pas douter, mais qui échoue sur trop de plans pour que je puisse vraiment le recommander à n'importe qui. Dans un sens il me rappelle Space Dandy, qui lui aussi a ses défauts mais que j'évoquerai plus facilement lorsqu'il s'agira de parler SF colorée, déjantée, psychée ou à l'esthétique (influencée par les) fin 70s. En l'état Heavy Metal me donne surtout envie d'aller lire Arzach en écoutant Blue Öyster Cult... et c'est déjà pas si mal.