Katatonia, constitué au départ du duo Anders "Blakkheim" Nyström/Jonas "Lord Seth" Renske, a fait ses premiers pas comme tous les groupes suédois de metal extrême de l'époque dans le gros death bien gras, influencé fatalement par la scène de Stockholm dont ils sont issus.
Et pourtant, ils ont rapidement pris la voie de l'originalité, tout simplement en ralentissant le tempo et en mettant l'emphase sur les atmosphères sombres et tristes ; cette idée émane bien entendu des influences de la scène gothique anglaise naissante, principalement Paradise Lost avec son doom death désespéré et ses guitares larmoyantes, mais également d'autres sources d'inspiration moins évidentes au premier abord comme The Cure, Slowdive ou même Francis Lai.
Le duo enregistre sa première démo Jhva Elohim Meth -citation de Nietzsche signifiant "Dieu est mort"- officielle avec Dan Swanö en juillet 1992, qui assure en outre le clavier et le chant clair. Une intro et une outro au clavier encadrent trois compositions de Blakkheim sur lesquels on sent encore les relents death de leurs débuts mélangés aux éléments gothiques et atmosphériques, pour un résultat tout à fait saisissant et innovant au milieu de sorties de plus en plus stéréotypées.
Devant le succès de leur entreprise, Blakkheim et Lord Seth continuent leur association avec Dan Swanö pour un full length en compagnie du bassiste Guillaume Le Huche alias Israphel Wing.
Après les sessions d'enregistrement d'avril 1993, Dance Of December Souls sort sur le label No Fashion quelques mois après les premiers albums respectifs d'Unanimated et de Dissection, tout aussi cultes.
Ce premier album enfonce encore le clou dans les ambiances mélancoliques, entre le chant écorché vif de Renske et les harmonies sombres et poignantes de Blakkheim secondées par des lignes de clavier discrètes mais arrivant toujours à point nommé. La richesse des compositions et de l'interprétation est sans fin et on découvre encore des éléments et des nuances même après de nombreuses écoutes -au moins quatre rien qu'aujourd'hui pour écrire ce modeste commentaire.
La progression depuis la démo est évidente sur des morceaux comme Velvet Thorns et Tomb Of Insomnia, culminant tous deux à plus de treize minutes et sortant du schéma classique couplet/refrain pour laisser libre cours à l'imagination et la créativité débordantes des protagonistes.
Katatonia a dépassé ses maîtres anglais en développant sa personnalité propre et en s'écartant encore davantage du death primitif dont il est issu.
Un chef-d’œuvre absolu du doom gothique, fraîchement sorti du carcan death metal.
La réédition de Peaceville de 2007 contient également la démo Jhva Elohim Meth en bonus.