Initialement membre d’un groupe de thrash/hardcore dans les années 80, Michael Amott le quitte en raison de divergences musicales et fonde Carnage début 1988 en optant pour une approche plus metal et extrême. Il faut dire que le gaillard était plus à fond dans des trucs comme Master ou Repulsion que Metallica.
Malheureusement, il était bien difficile à l’époque de trouver des gens pour pratiquer ce style –encore balbutiant, faut-il le dire- dans la petite ville de Växjö.
Amott parvient tout de même à recruter Johnny Dordevic, Johan Liiva Axelsson et Jeppe Larsson pour enregistrer la démo The Day Man Lost début ’89, dont le résultat ne leur a pas semblé satisfaisant. La musique y est très extrême, fortement inspirée de la scène death/grind britannique et surtout de Carcass.
En parallèle, un autre groupe de Stockholm avait débuté au même moment avec deux démos dans la veine de ce que faisait Nihilist : Dismember. Leur batteur Fred Estby rejoint Carnage en octobre 1989, causant l’interruption momentanée de Dismember.
Une deuxième démo voit le jour en novembre, Infestation Of Evil, contenant deux des morceaux les plus emblématiques de Carnage : Torn Apart, avec son d-beat entraînant et son riff central ultra accrocheur, et l’éponyme tout aussi percutant. Les compos sont plus fouillées, plus longues, plus mélodiques et contiennent même du clavier dont les lignes sont inspirées de musiques de films comme La Malédiction ou L’Exorciste. Tous ces éléments associés à un riffing à l’accordage très bas et au son caractéristique de la scène de Stockholm font de cette démo un objet déjà plus convaincant.
La preuve étant qu’ils décrochent un contrat avec le label britannique Necrosis (qui avait déjà signé Repulsion pour l’album Horrified), figurant ainsi parmi les trois premiers groupes de death suédois à y parvenir après Merciless et Entombed. David Blomqvist (Dismember, Entombed) et Matti Kärki (Therion, Carbonized, General Surgery) avaient rejoint le groupe, dès lors fin prêt pour enregistrer l’album Dark Recollections au Sunlight Studio en février 1990. Le résultat est tout bonnement impression et fait de ce disque le deuxième grand classique du swedeath après Left Hand Path.
Le son y est plus cru, la musique un peu plus violente et épurée, mais c’est la même ambiance de mort qui y règne et la voix de Matti Kärki se rapproche énormément de celle de Lars Goran Petrov. Le riffing est imparable, c’est tuerie sur tuerie. On y trouve aussi quelques colorations grind réminiscentes de leurs débuts.
Le groupe aurait peut-être gagné à développer sa tendance mélodique de la seconde démo, de manière à s’écarter un peu de ses homologues stockholmois.
Hélas, après quelques concerts pour promouvoir l’album, le groupe se sépare avec le départ de Michael Amott chez Carcass ; ce qui a eu tout de même l’avantage de conduire Dismember à se reformer.
Necrosis a édité Dark Recollections fin 1990 sous forme d’un split CD avec le premier album des Norvégiens de Cadaver, Hallucinating Anxiety.
Earache l’a ensuite réédité en 2000 avec les deux démos en fin de disque.
La courte aventure Carnage a néanmoins laissé des traces dans la sphère extrême, des morceaux comme The Day Man Lost ou Torn Apart en ayant influencé plus d’un. Le groupe a beaucoup souffert de la comparaison avec Nihilist/Entombed, ce d’autant que leurs premiers albums respectifs ont été enregistrés dans les mêmes conditions et presque au même moment avec un feeling identique. Ça plus le fait que les deux formations ont eu des membres en commun, le rapprochement est d’autant facilité.
Dark Recollections n’en demeure pas moins un témoignage extrêmement convaincant de l’époque et un véritable classique qui sert encore de modèle aujourd’hui pour toute formation d’appartenance old school swedeath ; et Dieu sait qu’il y en a un paquet à l’heure actuelle.