Voilà plus d’une dizaine d’années que l’on attendait un album de la trempe de « Dark Wings of Steel », c’est-à-dire, un album principalement signé de la patte d’Alex Staropoli. En effet, depuis la scission du duo italien légendaire en 2012 après un « From Chaos to Eternity » clouant avec succès la Saga du Sombre Secret, nous avions été beaucoup à nous demander quel serait l’avenir de Rhapsody (of fire) avec à ses commandes ce mystérieux et discret comparse de notre très cher Luca Turilli. Il aura fallu attendre novembre 2013 pour que le groupe, avec un tout nouveau line-up, sorte son artillerie un an et demi après la tuerie du Rhapsody de Luca. Mais bon, ne prenons pas le risque à comparer les deux albums, car cela relève de la pire erreur qui soit !

Rhapsody a toujours su faire évoluer sa musique, chacun des albums des deux sagas a toujours été une surprise, qu’elle soit bonne ou mauvaise. Mais néanmoins, la surprise et l’évolution mais partie de l’identité même du groupe. Mais lorsqu’est survenu la scission du groupe, le choc a été rude pour les fans ! Côté Luca, on ne s’inquiétait guère, car ses anciens projets solos nous donnaient déjà quelques idées de l’avenir de sa carrière. Mais côté Alex, ben, on n’avait pas grand-chose, pour ne pas dire « rien » ! Du coup, ce fut la surprise et curiosité totale lorsque Rhapsody (of fire) avait annoncé la sortie de « Dark Wings of Steel ». Et, pour la première fois dans l’histoire du groupe, jamais les fans ne furent si mitigés… Et le groupe si décevant ! Tout d’abord, un affreux problème de communication de la part du groupe pour l’annonce de l’album. D’habitude, la plupart des groupes écrivent un pavé pour annoncer la future sortie de leur prochain album, et bien, avec Rhapsody, on peut dire qu’il ne se fatigue pas, l’annonce ne tient à peine sur trois lignes… Et cela ne s’arrange pas le jour de la sortie de l’album, le groupe se contente seulement de dire « Cet album existe, et il sort aujourd’hui ! ». A ce demander si eux-mêmes avaient vraiment l’envie que leurs fans écoutent leur nouveau petit…

Ne nous attardons pas là, car il faut le dire, le groupe n’a jamais était très doué niveau communication, mais alors qu’en est-il de l’album ?

Tout heureux d’écouter le travail d’Alex, je me lance dès le jour de sa sortie dans l’écoute de « Dark Wings of Steel » (NB : Au fait, rien qu’au titre de l’album, on voit avec qui le groupe a longuement trainé à ses débuts…). L’intro est sympathique, timide mais elle nous propose une atmosphère assez inquiétante, voir angoissante, le groupe a fait mieux, mais j’ai connu pire. Ainsi arrive d’un coup « Rising From Tragique Flames », le morceau qui fait très Rhapsody, rien ne change par rapport à ce que le groupe a déjà fait. Il reste correct mais y persiste une ennuyeuse impression de déjà entendu. Certains chroniqueurs avaient déclaré que l’intro de ce morceau était presque le même que « Dawn of Victory », mais personnellement, cela ne m’a pas sauté aux yeux, c’est surtout le refrain qui m’a fait « tilt ». Oui, il est, selon moi, la pâle copie du refrain de « Unholy Warcry ». Bref, rien de nouveau ici, mais le morceau reste sympathique à écouter, trop fidèle au groupe mais bien orchestré, et avec des idées adorables. Arrive ensuite « Angel of Light », franchement, ce morceau me laisse dubitatif. D’un côté, le groupe continue à être ce qu’il est, et a toujours été, là aussi, rien d’innovant, rien de surprenant, le morceau en devient même très prévisible jusqu’à en devenir un prélude vers l’ennui sans vraiment devenir un morceau ennuyeux. En fait, le morceau en lui-même n’est pas mauvais, mais il joue le rôle de pause malgré les riffs de guitare qui ne sont pas si puissant que le morceau précédent. Il tient bien la route, mais zigzague entre le bord et le centre de cette même route. Bref, c’est après ce genre de morceau que l’on attend une bonne claque après, car Rhapsody a toujours été très doué pour équilibrer ses albums… Mais là, c’est le drame ! Dès le quatrième morceau, je regarde sur mon itunes pour voir où j’en suis dans l’album tellement je m’ennuis sur « Tears of Pain », et je m’inquiète grandement car ce morceau, par son concept, surpasse les limites du cliché, et sur sa construction musical, brise la gloire passée du groupe tellement il est désagréable à l’écoute. Ce n’est pas difficile, quand on écoute « Tears of Pain », on a l’impression que le groupe a réuni toutes les pistes implacables dans les autres morceaux pour en faire une chanson bordélique à souhait ! Oui, ce morceau est une tragique déception qui porte bien son nom, car il a réussi à m’en faire tirer des larmes de douleur… Mais par chance, « Fly to the Crystal Skies » arrive pour remonter un peu la pente. Sans être un chef-d’œuvre ni un morceau débordant d’énergie, « Fly to the Crystal Skies » parvient à nous livrer un sentiment d’élévation qui correspond magnifiquement bien au concept même du morceau. Ça nous redonne de l’espoir pour la suite de l’album, du moins, c’est ce que je pensais lors de ma première écoute…

Car arrive le morceau maudit, « My Sacrifice ». Seigneurs ! Jamais je ne me suis autant ennuyé à l’écoute d’un morceau de Rhapsody. Il s’agit du morceau le plus long de l’album, et Dieux savent que cela aurait largement suffit qu’il ne dure que la moitié de son temps. Car oui, « My Sacrifice » est probablement le pire morceau de l’histoire du groupe, après l’élévation aux cieux du morceau précédent, la chute est rude ! L’acoustique est trop longue et tellement répétitive que l’on en vient à fuir ce morceau qui finit par devenir tâche sur l’album… Mais heureusement, « Silver Lake of Tears » arrive en force pour nous réveiller, et cela fait vraiment du bien. Ce morceau a le mérite d’être le plus énergique, le plus puissant et le plus accomplit de l’album. Même si j’aurais préféré que Fabio chante avec un peu plus de puissance et violence comme dans « Reign of Terror », le morceau reste vraiment très agréable à l’écoute. S’en suit la ballade italienne classique « Custode di Pace ». Alors très sincèrement, je reste partagé vis-à-vis de ce morceau, comme « Angel of Light ». Le morceau n’est ni mauvais ni bon, il est… normal pour du Rhapsody. Pour vous faire une idée, je préfère largement « Custode di Pace » à « Anima Perdita », c’est déjà ça. « A Tale of Magic » nous propose des riffs intéressants et très entraineurs, ce morceau et puissant, énergique et agréable à l’écoute. Ça reste du power basique mais du bon power, sans plus. C’est alors qu’arrive le titre éponyme de l’album, « Dark Wings of Steel ». Pour ce morceau, Alex avait avoué qu’il représentait le mieux l’album au niveau musical. Et il n’a pas tort, car ce morceau est partagé entre la réussite et l’ennui, ce qui l’amène à un certain désordre. Loin d’être mauvais, j’ai ce ressentie que ce morceau n’est pas aboutie, il lui manque quelque chose. Probablement à cause du fait qu’il reste toujours sur le même ton et en devient facilement prévisible, trop d’éléments que le groupe a déjà travaillés se retrouvent sur ce morceau. Il n’a rien de surprenant, et je crois que c’est en cela qu’il définit bien l’album, mais ça, j’y viendrais un peu plus tard. Car vient le moment du morceau final, le chef-d’œuvre de l’album, j’ai nommé le fabuleux « Sad Mystic Moon ». Ce morceau en mid-tempo se révèle comme très poétique et mystique à la fois. Une sublime conclusion pour l’album. Le refrain est fabuleux, puissant et mélodique avec des chœurs fantastiques bien mieux réussi que sur le reste de l’album.

A présent, passons au concept même de l’album. En effet, autre que la musique, Rhapsody avait cette force de donner vie à des histoires clichés en grandes épopées fantastiques grâce à la puissance cinématographie et théâtrale de sa musique. Or, « Dark Wings of Steel » brise la tradition… Adieu les contes de fées, les sagas épiques, car « Dark Wings of Steel » n’a rien à raconter. Alex expliqué que le fait de travailler sur une nouvelle histoire ou un concept lui demandait encore plus de travail, et qu’il a laissé la peine de l’écriture des paroles pour le chanteur Fabio. Au moins, sans concept, cela laissera aux fans d’interpréter les morceaux comme bon leur semble. Tristesse pour nous et fainéantise pour le groupe… Moi qui avait toujours eu cette joie de traduire les paroles des leurs précédents pour voir leurs histoires évoluer, imaginez donc ma déception lors de la traduction de « Dark Wings of Steel », ce n’est pas difficile : Les morceaux n’ont vraiment rien à raconter, c’est à se demander comment Fabio a-t-il fait pour écrire sans avoir quoique ce soit à dire. A peine la moitié des morceaux ont leurs sens, le reste, ça fait très remplissage, quelle tragique déception…

Car oui, Alex m’a au final grandement déçu sur cet album. Dans la plupart de ces interviews, il a toujours fait comprendre qu’il ne voulait pas se fatiguer à se creuser la tête pour ses créations, mais sérieusement, quelle honte ! S’il ne veut pas se creuser la tête un minimum pour donner vie à chacun de ses morceaux, je trouve ça tellement triste après plus de 20 ans de carrière. Alex a toujours été bon pour la composition musical, et l’on sait tous qu’il reste assez réservé concernant l’idée de concept, mais s’il se sent incapable d’approfondir l’âme de sa musique, il n’a qu’à demander aux autres membres du groupe de l’aider. Ce qu’il avait fait d’ailleurs, mais bien trop tard. Fabio devait se charger de l’écriture des paroles, mais Alex lui confia la mission trop tard. Je suis désolé, mais on n’écrit pas des textes en les chantant en même temps en moins de deux semaines !! (C’est le temps qui restait à Fabio pour finir l’enregistrement de l’album). Ça m’a tellement déçu que j’en suis fâché envers Alex.

Alors, que peut-on en conclure. Eh bien, en soi, l’album n’est pas mauvais, mais non très bon. Il est un album de Heavy Power classique, mais par un groupe qui a le talent de faire largement mieux. Après, il est vrai qu’avec le changement de line-up, beaucoup de choses ont changés avec Rhapsody et c’est probablement cela qui a déstabilisé le groupe. Je pense que « Dark Wings of Steel » a été surtout réalisé pour voir comment leur nouvelle aventure avec AFM Record (leur nouveau label) pouvait commencer, et aussi de découvrir comment ils pouvaient fonctionner avec un tout nouveau line-up. « Dark Wings of Steel » a en quelque sorte joué le rôle de « test » pour la nouvelle voie dans laquelle le groupe s’est engagé. L’album possède de très bons éléments tout comme des ratés. Il n’est pas à négliger, il constitue, selon moi, à une porte ouverte vers un nouveau chemin, un prologue vers une identité nouvelle pour le groupe. J’aime cet album tout comme je ne l’aime pas. Mais je ne le rejette pas non plus car il reste intéressant à l’écoute, les bons morceaux comme « Silver Lake of Tears », « Fly to the Crystal Skies », « A Tale of Magic » et « Sad Mystic Moon » sont toujours aussi efficaces, ils ne se meurent pas, et c’est cela la magie de Rhapsody qui, malgré les bas et les échecs, permet à sa musique de rester toujours aussi vivante en nous. Les grandes légendes s’élèvent, et s’effondrent, indubitablement. Rhapsody s’est hautement élevé par son passé, mais avec cet album, il regarde vers le bas, tout en restant en haut. Il ne reste plus qu’à attendre ce que l’avenir leur réserve…

Chronique aussi publiée sur http://www.spirit-of-metal.com/

Créée

le 26 déc. 2014

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