A 20 ans, soucieux de coller à son époque et avide de reconnaissance, Bowie adopte le look des vedettes de son temps et pousse quelques chansonnettes sur son premier album sorti la semaine même que le Sergent Pepper Lonely Hearts Club Band...au niveau marketing, c'est un plantage absolu. Quant au plan artistique, cet album se montre naïf, touchant et désuet avec quelques titres marqués déjà par une théâtralité singulière. Silly Boy Blue sort du lot de toute évidence. Animal à maturation lente, Bowie n'a pas encore trouvé sa voix et sa voie. Same player, shoot again...
Bowie : "Je ne me souviens même plus pourquoi j’ai commencé à écrire des chansons. La plupart des chansons de mon premier album, sorti en 1967 chez Deram, étaient de petites narrations. Mon ambition était de devenir un conteur. Mes textes étaient si naïfs, si curieux… Pourtant, certains sont beaucoup plus sombres et dérangés qu’ils n’en ont l’air. Je me rappelle avoir écrit une chanson sur un fossoyeur, Please Mr. Gravedigger. Les films et les livres qui me passionnaient influençaient vraiment ma vie, mon écriture. J’ai compris plus tard que j’étais plus doué pour créer des climats, des ambiances que pour la narration simple. Mais là, je me cherchais encore, j’ignorais ce pour quoi j’étais bon. L’important, c’était d’écrire. Déjà à l’école, je griffonnais de petites nouvelles – l’anglais était la seule matière qui m’attirait." Extraits du formidable entretien avec Jean-Daniel Beauvallet, à Londres en juin 1993, pour Les Inrockuptibles.