J'adore ce genre d'EP sorti de nulle part (non référencé sur metalarchives au moment où j'ai mis la main dessus), qui inspire tout de suite confiance (étiqueté Blood Harvest), qui cultive le mystère (aucune info sur les membres du projet) et pour lequel le pitch, très vendeur, ne fait pour une fois par du tout dans l'exagération racoleuse.
Nekus fait du death blackisant, rien de neuf ou de profondément déstabilisant jusqu'ici ; mais il le fait à sa façon. Rien d'extraordinaire dans le riffing (trémolo en continue ou presque), le chant (guttural et caverneux), ni la section rythmique (principalement du blast bien lourd) ; c'est au niveau du traitement sonore que ça se passe.
Les riffs ne sont pas spécialement appuyés, la guitare étant même sous-mixée par rapport à la batterie, et le chant se perd un peu dans la reverb. Mais le rendu, l'ambiance qui se dégage de cette musique, est saisissant de noirceur. Au lieu de faire dans l'ultra violence et la brutalité, Nekus a choisi de faire dans le maléfique et le malsain ; c'en serait presque dérangeant, pour tout dire. Le combo allemand tend à s'inspirer pour cela du drone, ce qui est particulièrement perceptible sur le morceau Necromancer's Death Chant (ce qui va de pair avec le doom tempo pour lequel le groupe a opté pour ce morceau). Et ça, ça fait la différence.
Le dernier morceau, long de dix minutes, me rappelle beaucoup le death doomique génial de Grave Upheaval. Là encore, il y a des colorations drone qui rendent le titre particulièrement pesant. Excellent final.
Du coup, pas besoin d'être spécialement accrocheur, ni même inspiré dans le riffing, qui reste somme toute assez convenu. C'est l'atmosphère globale de cet EP qui est unique.
Coup de cœur instantané, pour ma part. Il est vrai que j'ai une sensibilité particulière pour cette philosophie de l'extrême, mais je ne serai certainement pas le seul à être interpellé par ce petit bijou.
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