Est-il seulement possible d'avoir un avis, en 2016, sur Definitely Maybe ? Ne sommes-nous pas trop éloigné temporellement pour voir à quel point ce premier disque a amené un renouveau musical en ramenant le rock à ses fondamentaux ? On connait la carrière d'Oasis, on sait ce qu'ils ont apporté à la musique : un retour au source. Alors que le rock a évolué avec plus de technicité, plus de mélodie, mais aussi plus de violence, plus d’esbroufe, plus de tentatives de s'éloigner de sa nature première en somme, Oasis arrive et se montre comme un retour aux Beatles. Le rock est simple, il nécessite juste une sincérité farouche, une violence personnelle. Oubliez votre petit metal, le Rock est fort ! (Aimant moi-même beaucoup le metal, je ne pouvais pas passer outre ce petit calembour).
C'est donc un album surpuissant que les anglais nous livrent. Un disque qui raisonne comme du Beatles en 1990. Clairement ce désir est présent et il est assumé. Enfin quand je parle des Beatles, je fait surtout référence à la période autour de Rubber Soul.
On a le droit à un travail très solide de la guitare rythmique, qui porte les morceaux véritablement mais avec une véritable volonté de faire des tubes. La basse et la batterie soutiennent cela avec efficacité tandis que la guitare soliste amène une coloration très sexy. Liam Gallagher est celui qui achève le tout. Sa voix est magique. A la fois facile d'accès, écoutable et compréhensible, elle est suffisamment accessible pour faire pousser la chansonnette par les fans et assez travaillé pour nous rappeler que c'est un véritable chanteur.
Ce mélange d'accessibilité et de puissance fait le charme d'Oasis. Il suffira d'écouter Slide Away pour s'en convaincre par exemple.
Difficile de parler des titres eux-mêmes tant ils sont réussis. Slide Away fait parti de ces gros titres trop souvent mis de côté sur cet album. Il faut dire que tenir la comparaison avec l'excellent Supersonic est difficile, malgré que ce morceau fasse très « composé pour être un single ».
On adorera l'ouverture de l'album avec Rock'n'roll Star qui donne déjà envie de sauter et danser comme un fou. Oasis met tout de suite les pendules à l'heure quant à ses prétentions et à ce qu'ils sont.
Shakermaker calme beaucoup juste après mais montre un aspect très différent du groupe. Pour autant, et malgré le fait que le titre ait très bien fonctionné, j'ai eu du mal avec ce morceau. Sans le détester, il s'agit d'un des temps les moins forts de l'album pour moi. Exactement le même cas que Cigarettes & Alcohol. Et cela malgré une guitare magnifique.
A l'inverse, Live Forever révèle cette capacité plus touchante qu'a le groupe. Que ce soit les couplets ou les refrains, difficile de ne pas tomber sous le charme de l'ensemble du morceau. Un grand moment qui laisse place à l'excellent et envoutant Up the sky. Le côté à fond la caisse de se titre se retrouve dans le très bon Bring it on down, qui défoule comme peu de titres.
L'album hérite quand même de quelques morceaux de remplissage. Sans être incroyable, ils n'en reste pas moins très bon, tel Columbia. On sera aussi un peu étonné par l'aspect décalé mais pas trop de Digsy's Dinner.
Enfin l'album se termine par l'excellent Married with Children. Un titre simple, sans esbroufe mais incroyable. Excellent sur tous les points, l'album ne saurait mieux se terminer.
Si on regrettera quand même l'incapacité qu'a Oasis à faire des transitions entre ces titres, et le lancement de certains morceaux plutôt moyen au vu des dits morceaux, on reconnaîtra sans peine tomber face à un album peut être pas innovant, mais neuf. Neuf dans sa volonté d'être direct, sincère, sans pour autant être punk. Le disque redonne la vie au rock'n'roll. Et pour cela, nous aurons toujours une dette envers Oasis.