Le titre annonce bien la couleur, ce ne sera pas une petite révolution comme leur précédent disque. Mais en rajoutant Neil Young au groupe, ils n'ont jamais aussi bien joué. Inutile de dire que l'apport de Young est des plus importants vu que le canadien à l'instar des autres n'est pas un manchot d'une part et que d'autre part, Neil, il a quand même une belle voix (non, si, quand même hein ?). Le voilà leur chef d'oeuvre, enfin l'un des deux du groupe (avec le CSN de 1977, perso).
Compositions belles à pleurer, son sublimes, revendications liées à l'époque. Les larrons reprennent le Woodstock de leur amie Joni Mitchell (qui sortait avec Nash à l'époque. Là c'était la parenthèse ragôts, je referme) dans une version plus rock et toute aussi passionnante (l'originale à la voix et orgue, intimiste et de toute beauté est recommendée aussi. A écouter près du feu, lors d'une nuit baignée d'étoiles). Mais sur cet album il y a aussi le génial (halluciné ?) Déjà vu que l'on doit à Crosby, LA chanson qui fait qu'il vous faut ce disque (de facture plus classique, Almost cut my hair, aussi de Crosby est plus intéressante pour ses paroles qui se moquent ouvertement du mouvement hippie).
Côté son, le ton s'est durci et est plus rock. Les égos ont aussi un peu gonflés entretemps ça joue. Avant ça, les compères avaient participé à Woodstock où Neil Young les avait rejoint (si on ne le voit pas sur les vidéos ou mal c'est qu'il avait demandé à ce qu'on ne le filme pas) et avaient remporté un beau petit succès. Cela n'empêche pas les engueulades et Nash qui joue déjà à faire ce qu'il fera pendant près de 30 ans : jouer les intermédiaires si ça va mal, calmer le feu. Chacun s'arrange finalement au bout d'un moment pour faire ses parties de chant voire guitare dans son coin quand un autre n'est pas dans le studio, Stills venant très tard dans la nuit pour assembler le tout au montage. Une entreprise casse-gueule et au final une osmose magique et une grâce qui frôle les astres.