I don't know who I am, but life is for learning.


One morning, I woke up, and I knew you were really gone.



Quand les trois voix jointes de David Crosby, Stephen Stills et Graham Nash prononcent les premières paroles de "Carry On", on réalise très vite que leur vie a bien changé depuis leur premier album ensemble (et succès) Crosby, Stills and Nash. A l'époque tous en couple et heureux, ils sont confrontés à des séparations pour Stills et Nash, et le décès de sa conjointe pour Crosby (Christine Hinton, d'un accident de voiture). Le ton donné est donc bien différent, d'entrée de jeu, car le moral de nos trois compères n'est pas au plus haut. Ils rencontrent un autre problème à la sortie de leur premier disque : l'énorme succès fait logiquement suite à une tournée, seulement, Stephen Stills joue 90% des instruments, et il leur manque donc de main d'oeuvre. Ils font donc appel au jeune Neil Young, ancien membre de Buffalo Springfield, comme Stills, qui a déja sorti deux albums assez solides en solo (Neil Young et Everybody Knows This is Nowhere) qui n'ont toutefois pas rencontré un succès populaire très important. Ils partent donc en tournée, dont le deuxième concert sera un certain festival hippie assez réputé. On y reviendra.


L'album est donc nommé Déjà vu, et il faut dire qu'il a, c'est vrai, certains points en commun avec le précédent : les harmonies incroyables des trois chanteurs, un son folk/pop/rock assez présent, et le talent de Stephen Stills qui prône sur l'intégralité du disque. Mais l'arrivée de Neil Young apporte un coté plus sombre et plus brut, à commencer par son travail à la guitare (notamment sur la fantastique intro de "Woodstock") et ses paroles mélancoliques ("Helpless"). Les compositions de ce dernier sont toutefois un peu masquées par celles de Stills (je trouve), et le premier morceau du disque en est un excellent exemple. Tout comme "Suite : Judy Blue Eyes" sur leur premier disque, "Carry On" est un mashup de plusieurs chansons (ici 2) non terminées, et le résultat est fantastique (à noter que la deuxième partie, "Questions", apparaissait déjà sur le dernier album de Buffalo Springfield). Les harmonies énergiques de Crosby, Stills et Nash, qui sont clairement leur force, portent le morceau, et la ligne de basse assez prononcée est également un régal.


N'oublions pas Graham Nash, car si "Teach Your Children" est un bon morceau, c'est surtout "Our House", inspiré des deux ans de sa vie passés avec Joni Mitchell, qui marque les esprits ici. Un hymne simple et mignon à la vie de couple, et juste le bonheur d'être à deux. Tout comme sur le disque précédent, j'apprécie moins les compositions de David Crosby, même si "Almost Cut My Hair" est un bon moment, en grande partie grâce au duel à la guitare de Stills et Young. Un autre compositeur vient s'ajouter au mix, et c'est justement Joni Mitchell, dont la reprise de "Woodstock" par nos 4 gaillards sera tellement réussie qu'elle deviendra presque la version principale aux yeux du public.


Déjà vu est un album formidable, ancré dans son époque mais encore frais aujourd'hui. Ce sera le plus grand succès commercial de chacun des membres du groupe (même Neil Young !), et de manière assez justifiée.

Redas
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le 21 févr. 2020

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Redas

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