Après une série d'enregistrements issus de projets très différents (une collaboration avec des artistes maliens, la co-composition d'une bande originale, les deux premiers albums de Gorillaz ainsi qu'un album de Blur), le prolifique Damon Albarn achève son début de millénaire avec sa première œuvre solo, une courte collection de démos enregistrées dans diverses chambres d'hôtel lors de sa tournée avec Blur.
Democrazy est à la fois parfaitement anecdotique et très intéressant. Les chansons sont toutes très courtes, un peu plus que des ébauches, et s'arrêtent souvent brutalement, mais elles permettent de dévoiler le processus de composition du multi-instrumentiste d'une fort agréable façon. La voix d'Albarn est ainsi toujours séduisante, instrument principal de ce qui est avant tout une suite de comptines électroniques, parmi lesquelles on remarque « I Need A Gun », premier jet de « Dirty Harry » (présent par la suite sur Demon Days de Gorillaz), et « A Rappy Song », qui évoque « Rhinestone Eyes » sur Plastic Beach. Les autres titres ne semblent pas encore avoir connu de développement ultérieur, mais ils sont pour la plupart prometteurs. Le résultat est proche des albums les plus contemplatifs de Gorillaz (G Sides, D-Sides et The Fall), compilations de chansons à l'apparence mineure mais dont l'atmosphère fait pour les meilleures d'entre elles durable impression, suscitant le sentiment d'écouter la playlist d'une radio confidentielle lors d'une errance nocturne en voiture. C'est moins le cas pour Democrazy, dont l'allure reste tout de même très modeste, mais l'album a suffisamment de charme pour valoir le détour.