Ce qui est amusant, c'est que j'ai découvert "la belle meunière" à travers le film de Pagnol (1948) à la télévision … C'était assez mignon, des belles images mais la voix sirupeuse et pleine de trémolos (que je n'aime guère) de Tino Rossi (dans un rôle improbable du personnage de Schubert) gâchait un peu le plaisir. Pas grand-chose pour plaire surtout quand, après, on cherche et on découvre le chef d'œuvre de Schubert avec la voix de Fischer-Dieskau (enregistrement de 1961).
Ça n'a tellement rien à voir qu'on oublie aussitôt l'espèce de biopic pagnolesque et les belles images.
"Die schöne Müllerin" est un ensemble de poèmes d'un certain W. Müller racontant l'aventure d'un jeune homme, compagnon meunier qui voyage de moulin en moulin pour apprendre le métier, en suivant un ruisseau. Arrivé chez un certain meunier, il tombe amoureux de sa fille mais elle lui préférera un chasseur plus viril. De dépit, il se noiera dans le ruisseau … Il n'est pas impossible que ces poèmes expriment un certain dépit amoureux du poète Müller lui-même dont le nom semble bien prédestiné…
Les lieder font passer le jeune homme (le poète ?) par différents états d'esprit comme l'enthousiasme du voyage et de la découverte, l'espoir, l'amour, l'exaltation puis le dépit, la jalousie, le désespoir. Tout ça est furieusement romantique.
Mais ce qui est très beau dans ces lieder, c'est la relation particulière du jeune homme au ruisseau qui l'accompagne tout au long du cycle. Un des lieder que je préfère, c'est "Der Neugierige" (le curieux) avec le sublime vers "O Bächlein meiner Liebe" (Ô ruisseau de mon amour)
Deux autres lieder "Der Müller und der Bach" (dialogue entre le meunier et le ruisseau) et "Des Baches Wiegenlied" (berceuse du ruisseau) sont tout aussi magnifiques.
Certains de ces lieder seront déclinés en "critiques" particulières.