Alors que Mark Knopfler travaille en tant que journaliste, son petit frère David lui propose de s’associer pour former un groupe avec deux de ses amis, John Illsey et Pick Withers. Les débuts du groupe, initialement nommé The Café Racers, se font dans la misère au point qu’ils changent leur nom et deviennent ironiquement Dire Straits (expression qui revient à dire qu’on est dans la dèche). Au départ, Dire Straits est donc un quator dont Knopfler n’est pas forcément la tête pensante. Un quator composé donc de Mark à la lead guitare, David à la rythmique, Pick à la batterie et John à la basse.
C’est en s’inspirant des chanteurs de cafés concerts que Mark écrira ce qui sera sans doute l’hymne du groupe, leur morceau phare, Sultans of Swing. A peine quelques diffusions à la radio que le groupe se retrouve contacté par multiples studios. C’est avec Phonogram que Dire Straits signera un contrat de cinq albums (mais c’est finalement six albums que le Straits débouchera).
Or, en six albums, le groupe a sacrément évolué. Déjà, le quator original explose littéralement au bout de quelques albums. David Knopfler quittera assez vite le groupe, suivi de Pick Withers tandis que Mark Knopfler et John Illsey s’accompagneront de nombreux autres musiciens pour des tournées immenses dans des stades.
Mais ça voyez-vous, ce sera pour les prochains épisodes. Aujourd’hui, on va s’intéresser au premier Dire Straits, celui qui trouve son inspiration dans le bon vieux blues des 50’s et 60’s à une époque où le disco envahissait les radios.
Je disais plus haut que Mark n’était pas la tête pensante au tout début du groupe, ou en tout cas, il n’avait pas le monopole artistique. Et bien oubliez tout ça, car les neuf morceaux qui constituent le premier album du groupe sont entièrement écrits et composés par Mark au grand détriment de son frangin David (je soupçonne qu’il s’agisse d’une des raisons de son départ).
Mark Knopfler étant le lead guitarist, mais aussi le chanteur, il impose son style dès les premières notes de l’album. Un style qui puise donc fortement dans le blues auquel on ajoute à cela, son jeu de guitare unique et inimitable. Knopfler est un gaucher qui tient sa guitare en droitier. Mais au lieu de s’encombrer d’un médiator, il profite de son incroyable dextérité pour nous offrir des phrasés de guitare tout bonnement spectaculaires. Si on analyse un tant soi peu son jeu, on se rend vite compte que Knopfler joue beaucoup sur les ghost notes, notamment sur la rythmique (on frotte la corde tout en posant la paume, ce qui donne un effet de note sourde). Ajoutons à cela un jeu très (très) rapide ce qui offre une explosion de notes à une vitesse fulgurante tout en laissant les mélodies se développer.
Ainsi, les morceaux oscillent entre des compositions au rythme très variable, allant du flow rapide de Sultans of Swing et Down the Waterline, à des compositions plus posées comme Wild West End et Water of Love.
Quant à son chant, Knopfler a une voix singulière, très grave. On résume beaucoup son chant à du chanter-parler (ce qui, je concède, sera le cas de ses derniers albums), mais ce n’est finalement pas le cas dans leur premier album. Knopfler n’hésite pas à chanter de façon mélodieuse tout en s’accompagnant d’Illsey en backing vocal, ce qui offre un tonus vraiment agréable.
Mais voilà, vous remarquerez que je m’attarde énormément sur Mark Knopfler et finalement peu sur ses comparses. Quand on dit Dire Straits, les gens pensent instantanément à Mark Knopfler et ce n’est pas pour rien. Il se démarque clairement de la masse car c’est son jeu unique qui offre sa singularité au groupe. D’autant plus qu’il est à la fois le chanteur, le guitariste soliste et le compositeur. Difficile alors pour David Knopfler, John Illsey, et Pick Withers de se démarquer. Alors je dirai bien que Pick Withers est un excellent batteur qui offre un jeu tout en nuance et qui sert parfaitement le jeu de Knopfler. Pareil pour David, sa rythmique est branchée et soutient parfaitement son frère. Et pareil encore pour Illsey (seul membre permanent avec Mark), excellent bassiste et dont les accompagnements vocaux sont à saluer. Mais voilà, on se rend bien compte que tout est au service de la guitare de Mark, et ça, ce n’est pas pour mon déplaisir.
Car au final, c’est pour ça que j’écoute du Dire Straits, pour Mark Knopfler. Pour son jeu inimitable, son sens de la rythmique, sa voix grave et envoûtante et ses compositions virtuoses. Et encore, je trouve que le premier album est parmi les moins intéressants du groupe. On verra dans les albums suivants, que Dire Straits a exploré bien plus que le blues. C’est un groupe en constante évolution. Ici, ce n’est que le début du groupe. Certes, Sultans of Swing est l’une de leurs meilleures chansons, mais on verra au fur et à mesure, que les Straits ont véritablement su se démarquer davantage avec des morceaux plus conceptuels et des sonorités plus recherchées. Ici, c’est très souvent le même ton de guitare, le même style, bref, on pourrait reprocher à ce premier album, une certaine répétition. Alors croyez-moi, quand je vous dis que le meilleur reste à venir chez Dire Straits.