Les Stones touchent le fond en 86 ? Euh, si on veut être honnête, ils y étaient déjà depuis un moment (fin des années 70 ?) et ne font que patauger dans une médiocrité affligeante. « Undercover » était corsé, « Dirty Work » est dans la même lignée d’une musique sans saveur et où on peine bien à retrouver les héros des sixties. Mais pas pire pour autant, il y a même un petit mieux, j’ai dit « petit » hein ! L’ambiance entre eux est toujours aussi exécrable, en particulier entre Keith et Mick, devenus frères ennemis, chacun ne pensant qu’à quitter le navire. Mick est en train de travailler sur son 1er album solo, « She’s the Boss ». Charlie est perdu dans ses addictions, Bill n’est plus concerné par ce qui se passe et Ron, lui, essaie de maintenir le cap comme il le peut, mais il ne peut pas faire de miracles dans ces conditions…Même la pochette est désespérante, on a l’impression que les Stones font une pub pour de la lessive tellement les couleurs sont éclatantes !!! On a même l’impression que Charlie est dans le coma, accoudé au canapé. Je vous rassure, un magazine l’a classée il y a quelques années parmi les pires pochettes de disques de tous les temps !
Les absences répétées de Mick permettent à Keith de se réapproprier les compositions. Un album moins disparate peut-être que ses prédécesseurs, encore que…Le morceau reggae traditionnel désormais chez eux fait son retour (« Too Rude », pfuuuuuh). Même si le 1er single extrait de cet album sera une reprise qui connaîtra un petit succès, « Harlem Shuffle », histoire de limiter les risques, tout n’est pas calamiteux quand même et on se dit que le malade n’est pas encore mort. Bon, OK, on ne donne pas cher de sa peau, mais ce groupe de vieux briscards a su survivre à tout, à commencer par le temps qui passe, les modes, les critiques assassines (à cette époque-là surtout). Mais on se dit en écoutant « Fight », « Dirty Work » et encore plus « Had it with you » que le monstre est encore capable de sortir ses griffes et Mick de hurler comme dans les années 70 et ça, c’est plutôt bon signe. « Had it with you » reste le meilleur morceau blues rock de cet album et redonne espoir. La fin de l’album est donc meilleure que le début, ouf. Dommage que la ballade finale de Keith, « Sleep tonight » porte si bien son nom et donne immanquablement envie de fermer les paupières !
Le groupe reste en perdition, la prise de risque est ici nulle, les invités ne pouvant rien y changer, ils se nomment tout de même Jimmy Page, Bobby Womack, Tom Waits, Ivan Neville, Jimmy Cliff entre autres ! La série noire se poursuit avec le décès du très fidèle Ian Stewart juste après ces sessions et un morceau caché lui est dédié à l’extrême fin pour lui rendre hommage. Les Stones prennent alors la décision (plutôt logique) de se séparer, sans tournée, chacun vaquant à ses occupations personnelles. Leur retour en 89 avec « Steel Wheels » va être autrement plus consistant et annoncer leur grand retour. Et depuis, ils ne sont plus jamais repartis malgré les coups durs et les tensions qui persistent entre les Glimmer Twins. Pour moi, un petit cran au-dessus « Emotional Rescue » et « Undercover », qui ne volaient pas bien haut, c’est vrai.