Dirty Work
4.6
Dirty Work

Album de The Rolling Stones (1986)

Toujours compliqué pour un fan des Stones de se replonger dans leurs années 1980 où le groupe se contente parfois d’enchaîner les albums poussifs et sans envies, suivant les modes (à l'exception du génial Tattoo You fait à partir de chutes d'anciens albums) et organisant d'immenses concerts où ils déroulaient un répertoire avec peu de surprises et avec plus d'énergie que de véritables éclairs de talent (toute proportion gardée évidemment!).


Surtout que pendant ce temps, Charlie Watts commençait à être accro à la dope, Keith et Mick ne pouvaient plus se piffer et ce dernier rêvait d'une grande carrière solo. Bref c'était dur et, malgré le succès de plus en plus présent, ils n'étaient plus le The World's Greatest Rock 'n' Roll Band comme le définissait Jagger au début des années 1970.


Pourtant l'enregistrement de Dirty Work marque une date capitale dans l'histoire du groupe avec la mort de Ian Stewart, celui qui était appelé, à juste titre, le sixième Stone. Présent dans le groupe avant Charlie Watts et Bill Wyman mais dont l'image ne faisait pas Rolling Stones selon le manager de l'époque Andrew Loog Oldham, il était le pianiste et le manager du groupe. Travaillant dans l'ombre, il contribua à l'âge d'or du groupe (et c'est lui le Stu du Boogie with Stu de Led Zeppelin dans Physical Graffiti) et signe ici sa dernière contribution avec ce qui est assurément la meilleure chanson de l'album, la très belle clôture Sleep Tonight où le groupe semble enfin uni, pour rendre un dernier hommage à Stu.


Excepté ce triste événement Dirty Work est dans la lignée d'Undercover, pas totalement mauvais mais sans aucun génie, sans grande envie et surtout avec une ambition assez désagréable d'être dans l'air du temps. La production sonne très années 1980 avec quelques touches pop, funky et new-wave qui ne collent guère au style des pierres qui roulent. Certaines chansons comme Back to Zero sont représentatives de cette envie de suivre les modes et sont clairement mauvaises. Sinon, les Stones oscillent entre des rocks basiques et guère originaux qui s'oublient aussi vite qu'ils ne s'écoutent et quelques tentatives presque foirées de reggae à l'image du mauvais Too Rude.


Pourtant, derrière cette hideuse (recto comme verso) pochette fluo, tout n'est pas à jeter. Les Stones ont fait appel à un grand nombre d'invités prestigieux (Jimmy Page, Tom Waits, Bobby Womack, etc) pour combler le vide artistique et la guitare de Page sur l'introduction One Hit (to the body) est sympathique. Certaines chansons, sans atteindre (et de loin) les sommets stonniens (la période Mick Taylor semble tellement loin), restent écoutables, parfois inspirés et pas désagréables comme la reprise groovy de Barry White Harlem Shuffle voire même Fight ou Hold Back et bien évidemment cette belle conclusion. Bref, quelques morceaux qui me rendent indulgent face à l'une des plus faibles, et non mémorables, productions du groupe.


Dernière collaboration d'Ian Stewart, lui qui était présent depuis les prémices du groupe, dont le bel hommage Sleep Tonight surnage au milieu d'un album produit sans envie, sans génie et au gré des modes de son époque. Leur prochain, Steel Wheels, marquera le début d'un renouveau et la paix entre Jagger et Richards.

Créée

le 27 oct. 2022

Critique lue 1.2K fois

18 j'aime

14 commentaires

Docteur_Jivago

Écrit par

Critique lue 1.2K fois

18
14

D'autres avis sur Dirty Work

Dirty Work
ladymarlene
5

Laissez les autres faire le sale boulot...

Salut les mecs, c'est Brian qui vous parle. Je viens d'écouter sur ma platine disque réservée aux membres du club des 27, (ben oui, vous croyez quoi, on a un salon réservé...) votre disque le plus...

le 15 sept. 2014

6 j'aime

2

Dirty Work
XavierChan
7

Critique de Dirty Work par XavierChan

Sur cet album "sale" (ce n'est pas moi qui le dit), les Stones sont renversants jusqu'à cet horrible morceau de reggae placé en plein milieu qui nous informe qu'il est temps de remettre l'album au...

le 28 nov. 2013

3 j'aime

3

Dirty Work
jan-gers
6

Il dépote celui ci .

Voila un disque honteusement sous estimé ! A défaut d’être un chef d’œuvre qui n'a pas fait avancer l'histoire du rock," Dirty works" est un très bon disque qui envoie le bois sévère : surement leur...

le 17 sept. 2014

2 j'aime

1

Du même critique

Gone Girl
Docteur_Jivago
8

American Beauty

D'apparence parfaite, le couple Amy et Nick s'apprête à fêter leurs cinq ans de mariage lorsque Amy disparaît brutalement et mystérieusement et si l'enquête semble accuser Nick, il va tout faire pour...

le 10 oct. 2014

172 j'aime

35

2001 : L'Odyssée de l'espace
Docteur_Jivago
5

Il était une fois l’espace

Tout juste auréolé du succès de Docteur Folamour, Stanley Kubrick se lance dans un projet de science-fiction assez démesuré et très ambitieux, où il fait appel à Arthur C. Clarke qui a écrit la...

le 25 oct. 2014

164 j'aime

47

American Sniper
Docteur_Jivago
8

La mort dans la peau

En mettant en scène la vie de Chris The Legend Kyle, héros en son pays, Clint Eastwood surprend et dresse, par le prisme de celui-ci, le portrait d'un pays entaché par une Guerre...

le 19 févr. 2015

152 j'aime

34