Voilà une sortie que j'attendais de pied ferme cette année. Ritual Necromancy fait partie de ces groupes qui représentent le mieux cette scène death metal qu'est celle de Portland : un death old school, lourd, rampant, caverneux et blasphématoire dans la grande tradition des Incantation, Immolation et consorts. Le death le plus pur qui soit, et souvent le meilleur pour ma part. Sans considérer leur premier album comme un chef-d'oeuvre, il fait partie de ces petits plaisirs (peu) coupables que je m'offre de temps à autre. Très linéaire et hautement régressif, avec une prod' à la limite de l'intelligible, son ambiance sinistre est pour autant des plus délectables.

Pour patienter, on avait eu droit à un EP trois ans plus tard, un petit en-cas qui était assez vite gobé.

Il aura fallu attendre quatre ans de plus pour que Disinterred Horror voie le jour.


De prime abord, on pourrait croire qu'il s'agit d'un nouvel EP. Certes, il n'y a que cinq titres ; mais la durée totale est légèrement supérieure à celle du premier album. Il faut dire qu'avec trois titres de plus de sept minutes et un de plus de onze minutes, il y a matière.

Autant l'annoncer d'emblée : le death à la prod' démo de Oath Of The Abyss n'est plus.

Si Ritual Necromancy n'a pas changé énormément de choses à sa formule death metal, le son est par contre transformé : c'est du gros son, rugueux, mais puissant. Tout est net et distinct. Autant dire que je n'aurais pas reconnu le groupe à l'aveugle, impossible.


Un petit mouvement de recul à la première écoute, donc ; mais les craintes sont rapidement dissipées, puisque cette nouvelle production ne dessert en aucune manière le propos, bien au contraire.

Ritual Necromancy est bien là pour envoyer du lourd, c'est très clair après les deux premières minutes d'intro.


Il ressort de cela que l'influence majeure du groupe reste Incantation, certains passages en attestent de manière évidente ; le titre Cymbellum Eosphorus à lui seul montre à quel point Ritual Necromancy adule la bande à McEntee ; cette pièce de onze minutes aurait pu figurer sur un album de leur idole. Autant sur le premier, on sentait aussi qu'Autopsy était pour quelque chose dans leur envie de faire du death ; autant avec ce dernier, ce n'est plus aussi apparent.


En termes de régression, ils se sont un peu soignés aussi. Forcément, avec un gros son, il faut du riff qui tient un minimum la route, sinon c'est vite pénible. On note donc quelques plans un peu plus recherchés que du trémolo basique. Et ça, c'est bon. Rien qu'à écouter Command The Sigil, on se dit qu'ils ont fait le bon choix ; c'est le titre le plus court (presque cinq minutes, tout de même) mais c'est aussi le plus percutant.

Discarnate Machination est également très accrocheur avec sa rythmique rapide, façon Incantation période Diabolical Conquest/The Infernal Storm.

Et finalement, le morceau titre joue bien le rôle de la conclusion plus atmosphérique, avec ses nappes de clavier du meilleur effet, sur un socle riffique ultra solide.


Oath Of The Abyss avait un son particulier, qui le distinguait des autres. Disinterred Horror est certes plus commun dans sa forme, mais Ritual Necromancy est nettement plus inspiré et arrive sans peine à tenir l'auditoire en haleine sur des compos très longues, ce qui n'aurait sans doute pas été possible auparavant. Les nombreuses qualités de cet album me poussent sans cesse à y revenir ; et si ce n'est pas un bon signe, je ne sais pas ce que c'est.


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Man_Gaut
8
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le 13 août 2024

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Man Gaut

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