Melancholia
Dans le désert du cœur, sans personne à aimer, je rampe au beau-millieu du Néant, hagard, et sans beauté dans les yeux. Certes, j'ai réussi à aimer parfois, mais je n'ai jamais pu m'empêcher d'aimer...
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le 13 août 2017
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Dans le désert du cœur, sans personne à aimer, je rampe au beau-millieu du Néant, hagard, et sans beauté dans les yeux. Certes, j'ai réussi à aimer parfois, mais je n'ai jamais pu m'empêcher d'aimer sans tristesse, sans chercher à m'éventrer au passage, parce que je pense intimement que l'amour sans destruction ne vaux rien. J'ai dû trop forcer sur la dose... Dans ce désert, où traine des boules de poussière au visage de mes défaites, je ne sais plus où je dois aller, sinon vers le Vide que m'a toujours promis la Vie. Je suis désespéré, j'aimerais croire qu'il y a un confort envisageable, une voix capable de comprendre mon addiction à la mélancolie, mais je n'ose plus trop, c'est pas bon de trancher davantage dans la chair. Et puis, j'ai assez de déchirures comme ça, et les couturiers du cœur ça ne cours plus les rues. Peut-être même ils ne les ont jamais courus, ils ont toujours ramper, comme moi dans ce désert où j'entends tout juste battre mes muscles.
Et puis... j'ai aperçu un Oasis. J'ai d'abord cru une énième fois que c'était une illusion hallucinée, mais cette fois non. En dessous d'un palmier gris, qui ne portait plus de fruits frais depuis belle lurette, j'ai vu un homme et une femme. Ils avaient des traits en commun, une communion dans le physique même. J'ai tout de suite vu en eux que c'était des Australiens, avec cette rudesse dans les rides et cette allure d'être étrangers même dans leur propre pays. J'ai aussi deviné qu'ils étaient frères et sœurs. Frère et sœur de mélancolie, frère et sœur d'errance, paumés ensemble dans la solitude collective. La différence entre eux et moi, c'est qu'ils sont déjà ressortis du Styx. Et qu'ils ont la musique. Ils jouaient du folk sinistre, basés sur la guitare surtout, avec quelques interventions de piano, d'harmonica, de batterie... surgis de nulle part, sans doute de cette eau polluée qui reflétait la misère absolue de mon âme. Leurs voix d'ange étaient porteuses de blessures, d'un romantisme torturé, elles me transcendaient. Ils exhortaient "Big Jet Plane". Cet ensemble musical parlait à quelque chose d'enfoui en moi. Vous savez, ce genre de Mort que l'on garde au fond de soi, qui ne demande qu'à avoir quelqu'un à qui parler de temps en temps. Moi, je n'en ai pas besoin, je suis Mort, sans l'être tout-à-fait. Alors, je les ai écoutés, sous le soleil cuisant qui faisait jaillir la puanteur de mes souvenirs. Au bout d'une heure de musique, il a plu, dans ce désert qui était pourtant sec depuis des lustres. Il pleuvait. Il pleuvait des larmes, et ce duo musiciens, qui ne demandaient rien d'autre que jouer, continuaient leurs rythmes magnifiques. Angus chantait "Draw Your Swords". Alors, je me suis relevé, j'ai regardé de nouveau l'eau de l'Oasis. Elle était redevenue bleu transparent, et je voyais bien les larmes tomber du ciel pour dessiner des petits ronds sur la surface. Je l'ai embrassée, cette Mélancolie qui m'a tant bouleversé, qui m'a paradoxalement sauvée.
J'ai repris mon chemin, l'esprit ressourcé, bringuebalant ce qu'il me reste d'espoir. Mais toujours empreint d'Absolu, ivre de volupté, et combattant anonyme au milieu de son désert.
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le 13 août 2017
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