Mon film préféré. La plus grosse claque artistique de ma vie. Une influence dans ma vie. Un éternel compagnon de route. Le cinéma à l'état pur et au summum. Oui, vraiment ma Bible à moi. Je connais ce film plan par plan, réplique par réplique, et je suis à chaque fois époustouflé. Il y a trois lectures possibles de ce film, au moins. On peut le voir 50 fois, il y auras toujours quelque chose à découvrir. C'est un vrai miracle, ce film. Comment Leone a-t-il réussi à faire ça ?
D'abord, le scénario, écris à quatre mains. Franchement, que dire ? des idées, il en fourmille, de la séquence d'introduction muette dans la gare au final chez McBain. Les scènes en elles-mêmes, toutes plus magnifiques les unes que les autres, toutes qui ont une profondeur insoupçonnée. Elles s'enchainent avec maestria. Certaines, comme le duel final ou la première fois qu'on rencontre Cheyenne, sont d'une qualité carrément mystique. C'est juste monumental, impressionnant de maitrise. Toute l'histoire du film est palpitante, il n'y a presque jamais de temps mort. Le final est littéralement beau à chialer. Les dialogues sont tous destinés à être mémorisables et cultes ("je les ai empêchés d ele tuer, c'est pas la même chose!", "tu joues de la gâchette, ou tu joues aussi du couteau ?", "il s'amuse avec un morceau de bois... quand il aura fini... il se passera quelque chose..." etc., etc.) Les personnages (au fond, dans ce film, il n'y en a que quatre... et jamais ils ne sont tous les quatre réunis, alors qu'ils se connaissent tous) sont ultra-attachants, et même si ils ne seraient certainement pas nos amis dans la vraie vie, ils rentrent dans notre entourage culturel. Cheyenne en particuliers, que j'adore. L'interprétation de Robards pour ce personnage est incroyable: chaque geste est parfaitement à sa place, son allure est jubilatoire et surtout le regard est juste irrésistible. Bronson, qui campe l'Harmonica (personnage mystérieux de bout en bout), incarne avec lui le vieil Ouest solitaire et sauvage, avec un minimalisme inoubliable. Cardinale incarne Jill McBain (même si il n'y a pas de vrai "héros" dans ce film, c'est elle qui est le noyau central) avec une puissance et une sensualité telle qu'on est obligé de la désirer au bout d'un moment. Enfin, Fonda, complètement dans un contre-emploi jouissif, est surprenant et ballade lui aussi un regard hallucinant. Oui, y' a beaucoup de gros adjectifs, mais j'admire tellement ce film... la mise en scène est béton. En particuliers pour le duel final (la plus belle scène de cinéma au monde pour moi, avec celui de ""le bon, la brute et le truand") et le travelling au sol quand Franck revient sur les lieux du massacre dans le train de Morton. Totalement originale, unique, elle est le support parfait pour un film à cette dimension qui, par son sujet, aurait écrasé beaucoup d'autres metteurs en scène. Mais Leone est le meilleur, il gère au millimètre. Et dans cette plongée totale dans l'Ouest, dans une histoire qu'on écouterait au coin du feu, la musique de Moriconne... un thème pour chaque personnage. Il n'y a rien à redire. Enfin si, celle où Franck est menacé d'attentat, elle n'est pas géniale, mais tout le reste est aérien, mystique, céleste. Surtout le thème de Jill, il est bouleversant. La photographie est magnifique, les décors majestueux (lorsque Jill rejoint la ferme, on peut pleinement en profiter, en plus avec la musique derrière, cette scène fait figure du plus beau clip du monde)... tout est beau dans ce film. Il n'y a pas une minute à jeter.
Mon histoire d'amour avec ce film n'aura sans doute jamais de fin, et chaque année j'ai le besoin de le revoir 2 ou 3 fois (l'année où je l'ai découvert, je l'ai vu 11 fois!). Rien qu'à son titre, je salive. Il est inépuisable. A voir absolument, pour 2 h 30 de rêve agonisant lentement comme un ultime opéra sauvage.