Lulu
7.4
Lulu

Album de Damien Saez (2017)

Jamais été aussi désespéré, et jamais été aussi beau (attention: pavé)

Le Manifeste... Projet débuté par un court-métrage majestueux, accentué de poèmes en prose envoyés par satellite, entretenant le mystère, son but semble vraiment de dire: prenons notre temps pour découvrir. Mais hélas, il en a quand même fait un peu trop sur son annonce. Il annonçait quelque chose d'immense, un nouveau monde, une cathédrale qu'on construirait ensemble. Avouons-le: c'est magnifique, comme d'habitude, mais nous ne révolutionnons rien non plus avec ce Manifeste. Nous sommes donc en ce moment sur l' Acte 2, si je ne m'abuse. J'ai eu la chance d'aller le voir en concert sur Nantes, pour un show incroyable. Toutefois, le "court-métrage" du début, avec "Tu crois aux Fantômes ?" ou "Pierrot dans l'espace" ne m'a pas vraiment emballé: certes, le texte est beau, certes les plans sur la nuit sont très beaux, mais la musique l'accompagnant en live est trop discrète et surtout le son n'est vraiment pas top. Je sais que c'était intentionnel, mais ça m'a distancé malgré moi de la poésie de cette première "vraie" vidéo du Manifeste. Damien annonce une vraie histoire à venir. Je suis prêt à parier mon petit orteil que ça parlera de rupture.
Pour poursuivre sa lancée, il sort "Lulu", après un très bon "Oiseau Liberté", le même jour que le concert de Nantes (il l'a d'ailleurs rappelé sur scènes, entre deux verres). Dès que j'ai lu la Tracklist de ses titres, j'ai senti que ce serait quelque chose de majestueux, qu'il irait encore une fois "ailleurs" dans sa propre musique. Je l'ai écouté le lendemain soir de mon acquisition. C'était la pleine Lune, j'étais aux rebords de ma fenêtre. Je caillais, j'étais seul avec Damien et ces larges nuages funèbres. De 22 heures à 5 heures du matin, je n'en suis pas redescendu. J'ai mis chaque disque de ce triple album deux fois de suite chacun. C'est vous dire à quel point Damien m’impressionne encore une fois. Ce n'est pas son chef d’œuvre, "Messina" et "J'accuse" le surpasse encore pour moi, mais c'est de pas loin. Avoir droit à un tel disque, en ces temps culturels, c'est un cadeau inestimable et inespéré. Il ne s'offre pas du premier coup, mais mon Dieu, une fois qu'on s'engouffre dans ses bras, qu'est-ce qu'il fait chaud... Je préviens que je vais faire une vraie critique tartine, parce qu'il y a beaucoup, BEAUCOUP de choses à dire sur ce travail monumental.
Chaque album de Saez a une thématique précise. En particuliers pour ses triples albums: "Varsovie" parlait constamment de rupture amoureuse sur fond acoustique, "Messina" s'apparentait à une immense ballade nocturne près de la mer. "Lulu" est beaucoup moins évident: en effet, les trois disques ont trois univers radicalement différent, jusqu'aux traitements des sujets ! Au bout d'une certaine analyse, j'ai enfin trouver: tout le long du disque, Damien Saez est en fait dans son bistrot. Il n'en sort jamais. Et il picole, bien entendu. Dans un premier temps, c'est un alcool joyeux, dansant, fêtard. Il est avec ses potes, il réagit face à la merde du monde. C'est pourquoi le disque "Mon Européenne" est rock, avec option chanson à boire. Damien propose comme ouverture de triple-album, en successeur de "Varsovie" et "Fin des Mondes", ni plus ni moins qu'une chanson espagnole, ce qui est totalement inédit dans sa carrière (je crois que "No More sera sa dernière chanson en anglais, vu comment il est remonté contre eux...). L'harmonie de sa voix en écho avec sa musique est magnifique. Les bruits de la rue semblent annoncer qu'il se rend au bar comme si il était un étranger. "Mon Européenne" fait parti des titres que l'on connaissait avant d'acquérir l'album. Ce qui est le cas de la majorité du premier disque ! Ça a de quoi faire râler les abonnés du Manifeste, et c'est compréhensif. A noter que l'inédit "Château de Brumes", absent de "Lulu", est absolument sublime, je le recommande à tous. Pour en revenir à "Mon Européenne", c'est un morceau très entrainant, qui sait nous emporter même lorsqu'on ne comprend pas tout. Il utilise là l'anaphore, qui sera la figure de style la plus imposée sur ce premier opus. Ça balance comme à Santiago, l'oreille jouit ! Puis, c'est "Peuple Manifestant". Je cache pas que, en voulant jouer le râleur, j'aurais bien aimé qu'il reste un Inédit, mais bon on s'en fout, ça reste toujours aussi énorme à écouter. Un bras d'honneur comme très peu d'artistes en sont capables. "Bonnie" fait parti des très rares chansons de Saez qui font... rire. Si si, sérieux. Il joue tellement avec les mots, avec une aisance assez incroyable, qu'on ne peut que s'en réjouir. De plus, il scande tellement rapidement, sur une musique très rapide, que ça en devient plutôt impressionnant. Il nous prouve qu'il arrive à nous rendre de bonne humeur. Il le confirme avec la prochaine, "Rue d'la soif" ! C'est l'éclate: On est bourrés, comme des tonneaux !, Damien est au début de son ivresse, il s'amuse, il ne pense à rien d'autre qu'à boire et d'être entouré. Et il nous sors des vers hilarants sur une musique assez celtique: On marche comme des pingouins,Quand t'es bourré, ça fait loin la marche à pied... A noter un énième clin d’œil à Brel. "Ma putain du show-biz" m'amuse beaucoup aussi, avec le vers Je préfère mes chiottes aux plateaux ! On remarque quand même dans le style de Damien qu'il devient plus, on va dire familier, au fil des albums. Le nombre de fois où il prononce le mot "Putain" est même innombrable. La picole est omniprésente sur tous les titres. Chanson très plaisante, encore. "Je suis et "Mon terroriste" faisaient parties du Prélude offerts avec "L'oiseau Liberté", ce qui laisse un goût de déjà-entendu. Mais on le pardonne aisément, tellement ces deux titres s'imbriquent bien dans l'ensemble. Et puis, ce sont des chefs d’œuvre ! "Ma gueule de terroriste" fait des clins d’œils aux autres chansons du disque, comme "Je suis" ou "Rue d'la soif". Il fait donc figure ici de Bilan de l'ivresse battante de "Mon Européenne". Il semble se calmer, se met à place d'un sans-papier. Il finit le disque par "Pierrot", qui est ni plus ni moins l'explication du fameux "Ni Dieu Ni Maitre", court-métrage ayant ouvert le Manifeste. Il le débute avec une reprise mélancolique des "Enfants Lune", qui s'y sied parfaitement, avant de rendre hommage à ce personnage fictionnel, que Damien aurait beaucoup aimé rencontrer en réel. Ou alors, avons-nous chacun notre part de Pierrot ? Damien rend-il hommage aux petites gens à travers ce personnage qu'il a crée ? Magnifique conclusion en tout cas.
Le deuxième disque est un peu comme "Varsovie-L'Alhambra-Paris": acoustique et très, très sombre. Damien est sérieusement amoché, dans son bistrot. Il commence à se vider, la moitié des clients s'en vont. Il commence à délirer un peu. Alors, il se confie. Comme jamais. En fait, "Lulu" est son auto-portrait musical. Une totale remise en question, au vu de la vieillesse qui plane (même si je doute qu'il soit réellement vieux un jour). Et autant le dire tout de suite: Damien n'a jamais été aussi mal en point moralement. depuis "Varsovie", on l'entend s’enfoncer un peu plus dans le désespoir à chaque album. L'ombre de son ex-Polonaise plane. Comme l'a si bien dit Papagubida: sentimentalement, il a tout perdu. Même si il dit ne pas regretter leur séparation, on devine qu'il n'a jamais pu s'en remettre, tellement son premier triple-album tranche complètement avec les précédents et les suivants. "Lulu" s’ouvre avec "L'Humaniste", et là, désolé, mais What ? Premièrement, il était déjà sur "L'Oiseau Liberté", comme morceau à part entière ! C'est comme si on mettait "Marguerite" dans l'album "Miami" ! Deuxièmement, il était parfaitement à sa place sur ce disque-là ! Pourquoi le remettre en première position, alors que ça marche pas du tout dans une telle stature ? Troisièmement, il est même pas en accord avec l'esprit d'ensemble du disque ! Non, vraiment, je comprend pas. "Au Cimetière des Amours" est beau, mais beaucoup trop long. On pressent alors le défaut du triple-album: la redondance du vocabulaire. Ça va pas louper, et c’est ça qui fera son handicap de temps en temps, comme sur ce titre. "P'tit Bout de Paradis" est magnifique, une confession incroyablement pudique et personnelle, où toute la richesse du cœur du chanteur est déployée. A noter qu'il fait un clin d’œil à une de ses chansons dedans ("Les Meurtrières"), ce qui est assez récurent sur le triple album en général. Prétentieux ? Non, je pense plutôt que c'est pour créer une boucle, pour dire que tout est lié, et donc créer un véritable univers musical et poétique. "Les amours mortes" a exactement le même problème que "Les Cimetières des Amours", sauf que la musique est plus sympathique. "Thème Paris" est très réussi. On a l'impression de revoir le vieux Paris, le rétro, avec ses chevaux comme voiture et ses amants se baladant dans les grands boulevards... en ce sens, il me fait penser aux instrumentaux de Montand. D'ailleurs, l'intégralité de "Lulu" est un grand hommage à la Chanson Française. Thème donc très réussi. "En Sangre" est le deuxième titre espagnol du triple-album. D'une durée exceptionnellement courte (3 mn 20- il avait jamais fait aussi court depuis "J'accuse", il y a 6 ans !), il reprend la mélodie de "Matins de Pluie", que nous découvrirons sur le troisième volet, avec des cordes somptueuses. C'est déchirant de beauté. "Lulu" est dans cette lancée: cousin du Jef de Brel et du Manu de Renaud, Saez fait encore mieux que ces deux classiques pour moi ! Lulu, c'est le dernier client du bistrot avant la fermeture, avec lui, à pleurer lui aussi pour une gonzesse. On était tous de ceux-là. Après un texte criant de vérité brut, le thème instrumental aspire instantanément. Sur le bras du matelot sonne comme un cri jaillissant du fin fond de ses entrailles. "Putain ma vie" est encore une remise en cause. Bouleversante. Il regarde sa vie en face, se demande ce qu'au fond il a bien pu en faire. Encore une fois quelque chose que tout le monde vit ou a vécu. Qu'est-ce qui aurait pu l'enjoliver ? Il le sait: un enfant. Cela lui trotte pas mal dans la tête, depuis "Miami". Avec "Ma Gueule", il rend hommage à ce gosse qu'il n'aura jamais, ainsi qu'à Renaud (clin d’œil à "Morgane de Toi" et "En cloque"). Il décrit si bien que je me suis demandé si il était réellement père ! Mais non, c'est pas le cas. Il termine ce disque acoustique, où on n'a presque entendu que du piano ou de la guitare sèche. Il l'achève avec une chanson généralement mal-aimée: "Pleure pas Bébé". Pourtant, elle me plait beaucoup, parce que cette fois Damien ne raconte pas, il interprète complètement la situation, avec l'intonation d'un comédien et l'implication d'un amoureux sincère. D'ailleurs, y'a qu'à voir comment les paroles se déforment d'elles-mêmes: il est aussi fleuve qu'un sentiment amoureux humain. Quand j'serai clean !, c'est pas pour demain, il le sait bien...
Troisième album, "Les bords de Seine", certainement le plus inaccessible de sa carrière. Il redevient romantique, aucun mot vraiment vulgaire ne sera prononcé sur ce disque. Damien est complètement ivre, hagard, au fin fond du trou, son désespoir complètement désinhibé. Cette fois, il est tout seul, dans ce rade mort-vivant. Alors, il se met au piano, pour mettre son malheur en apesanteur. J'ai toujours su intimement que Damien ferait un jour un album essentiellement instrumental, avec une grande mise en valeur du piano. J'ai eu raison ! Le piano est omniprésent, sauf sur la dernière chanson, et la moitié du disque ne comporte aucune phrase prononcée. Il rappelle alors le temps de "God Blesse". Paradoxalement, ce sont les plages au piano de ce disque qui en disent le plus sur lui. A commencer par "Tristesse", son ouverture longue de 16 minutes. C'est une mini-sonate, avec le duo piano-batterie, divisée en trois parties ! Bien que je préfère sa grande sœur ("Thème 1" sur God Blesse", précédente record girl du titre le plus long, avec 14 minutes), la musique reste majestueuse. "La Neige", entièrement au piano, n'est pas simple à aimer, mais une fois qu'on a bien fait connaissance, c'est un bonheur. Pareil pour "Thème Mélancolie", avec sa discrète partition aux cordes. "Thème de l' Adieu" par contre ne m'inspire aucune image, aucune sensation, et demeure donc dispensable. Damien reprend la voix, avec "Matins de pluie". Désormais, il ne parlera QUE de rupture, avec les moyens les plus désespérés imaginables. En forme de clin d’œil cette fois-ci à Barbara, Saez nous livre des paroles toujours aussi belles, sur une musique extrêmement touchantes. "Notre Dame Mélancolie" est une chanson qui est déjà réputée, à la fois sur la Saezopshère et chez ceux qui ne sont pas fans de l'artiste: tous reconnaissent que c'est un titre majeur de sa carrière, peut-être même au-delà. Dans tous les cas, c'est une chanson qu'on n'aurait jamais cru entendre un jour en ces années 2010, tellement ce genre de déclamations est devenue rare depuis la mort de Ferré. Même si ce n'est pas dans la même veine, jamais Damien Saez n'a livré une interprétation aussi extrémiste, aussi impliquée, aussi folle qu'avec cette chanson. Impossible de rester indifférente face à cette écoute. L'émotion submerge, jusqu'à noyer les yeux. "Matins de neige" parait très faiblard comparé à lui, limite niais. Il ressasse sur ce titre. Avec "en bords de Seine", il se rattrape complètement: renouant avec son principe du duo piano-batterie, il est intimiste comme pas possible, et son poème est extraordinaire. Le cœur en prend plein le pif depuis maintenant 3 heures... Car oui, le triple-album dure trois heures ! est-ce trop long ? Un peu, oui. Les titres qu'on n'aiment pas sont toujours trop longs, alors on les zappent, un peu comme si on lisait un recueil de poèmes; Enfin moi je ne le fais pas, mais je comprend parfaitement si il y en a qui le font. L’œuvre conclusion, successeur de "Kasia" et "Chatillon-Sur-Seine" s'intitule "Si". L'aube arrive dans le bar. Damien retrouve toute sa lucidité, et finalement sourit pour un peu d'espoir. Tout en sachant qu'il recommencera le soir-même, la même errance, les mêmes discours, la même tristesse... "Si" est incroyablement solennelle. Il rend hommage ici à Ferré, ce qui est surprenant parce que c'est un hommage à une période méconnue du vieux Léo, celle d'après-Barclay. Avec un solo sublime à la trompette comme fond. Le dernier vers est extremement symbolique: qui sait, après s'être oublié, peut-être pourrons-nous nous re-recontrer... A travers cette phrase, il parle autant a son ex...qu'a nous en fait ! Si il est un brin trop long, l'émotion est intacte. Une fois l'écoute achevée, sur ma petite fenêtre, devant la Lune glaciale, à 5 heures du matin, j'ai applaudi dans le vide. C'est du Grand Art. Un continent.
Alors, mon cher Damien, permets-moi de te demander... d'arrêter. Tu as bien assez donner comme ça. Tu nous a offert des trésors inestimables, sur plus de 20 ans comme tu aimes le répéter dans tes concerts. Maintenant, arrête d'avoir mal comme ça, va élever tes moutons en Alaska comme tu en rêve, retrouve la simplicité de la Nature dont tu chantes les uniques louanges que t'es encore capable de chanter. Va vivre tes rêves, voyage, tu trouveras peut-être ce Chemin que tu désires tant, et dont tu pleures autant la disparition. Vis. Rien que pour ça, je suis à la fois impatient et effrayé pour l'album qui viendra l'automne prochain: dans quel état va-t-on te retrouver ? Essaie de prendre un peu soin de toi. Je m’inquiète pas mal, maintenant. Et même si ça sert beaucoup artistiquement, je préfèrerais largement que tu stoppes maintenant pour essayer de te relever une bonne fois pour toutes. Je compte sur toi. On compte sur toi.

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le 15 mars 2017

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Billy98

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