Drones de drame
Nul ne sait aujourd'hui exactement sur quelle planète Matt Bellamy a atterri, mais une chose est sûre: l'air y est vicié. Septième album du trio du Devon Drones est un petit exploit, pas celui qu'on...
le 8 juin 2015
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Après 2 albums mitigés et vivement critiqués, "The Resistance" et "The 2nd Law", Muse annonce un retour aux sources avec un album concept intitulé "Drones", où ils laisse(raie)nt tomber les synthétiseurs et arrangements pour revenir à un son plus rock et brut.
Habitués à sortir un album tous les 3 ans, ils font cette fois un peu plus court en dévoilant des nouveaux titres à peu près 2 ans et demi après "The 2nd Law". Au vu de la qualité médiocre des compositions des précédents albums, je craignais qu'une fois de plus cette partie ait été bâclée, à moins qu'un énorme élan d'inspiration est venu habité Matt Bellamy en 2013 et 2014.
Le premier extrait est donc "Psycho" et a malheureusement nourri mon inquiétude : un riff joué en live depuis des années mis en compo, bon pourquoi pas s'il est bien, mais quand le reste du titre est plat, long, répétitif, copié sur Uprising/Roadhouse Blues des Doors, ça sonne lourd et chiant à écouter... Mais bon, c'était qu'un premier extrait, même pas le premier single, et il faut l'avouer, au moins, ça sonne rock.
Et là, le premier single "Dead Inside" arrive et porte bien son nom : de l'autotune partout, des synthés, un beat à la Britney Spears... et même pas le bon Britney, c'est à dire une mélodie moyenne/passable, le tout largement surproduit. Mais WTF ?? Ils ont fait exactement le contraire de ce qu'ils avaient annoncé et ont réduit mes espoirs d'enfin rentendre des bonnes ondes rock à la radio à néant.
Le second single "Mercy", s'annonçait un peu plus prometteur quand je l'avais d'abord entendu en live. Puis la version studio a ruiné la chose : encore ce putain d'autotune, alors que pourtant Matt sait chanter et d'ailleurs la chante bien en live. Pourquoi vouloir utiliser de l'autotune et ruiner la chose ? De plus, les choeurs Queenesques sont complètement inutiles sur ce titre, ça charge le mix et détourne l'attention de la mélodie principale sur le refrain.
"Reapers", entendu d'abord en live, rattrape le tout. Un titre bien rock avec un refrain à la OOS comme on les aime, des riffs à la RATM, un tapping à la Van Halen en guise d'intro... et une de ces lignes de basse sur les couplets ! Et encore une fois, là, la version live est nettement mieux que la version studio : la basse est inaudible sur les couplets (quel gâchi...) une prise de voix molle et passée à l'autotune... Heureusement, le reste du titre est (presque) aussi bien qu'en live. Mais POURQUOI travailler avec le producteur d'ACDC si c'est pour une production aussi merdique ?
"The Handler" est pour moi le pic de ce disque : les riffs de guitare sont excellents, lourds, rock, une envolée lyrique sur le refrain comme on les aime, ce titre aurait pu être composé à la période Absolution ! Bon, le passage du milieu ressemble beaucoup au riff d'In Your World, mais il est exploité d'une excellente manière.
Pour la seconde partie de l'album, cela se complique. "Defector" est attachante, toujours de très bon riffs de guitare, qui m'ont fait penser un peu à du Nirvana période Bleach, et le solo a un côté rock et planant assez attractif. Au niveau des voix, l'ensemble est très Queenesque mais dans le bon goût cette fois : c'est très rythmé plutôt que mélodique et les choeurs apportent une bonne énergie à la "contestation" du personnage dans ce titre. Gros bémol, c'est encore une fois trop long et répétitif, il manque une "coupure" mélodique pour légitimer la durée du titre.
"Revolt" reste rock mais assez bâteau. Je lui trouve tout de même un petit côté "période Showbiz" qui s'en dégage, mais plutôt un titre "remplissage d'album" qui n'aurait rien de spécial. En revanche, sans qu'ils soient si utiles artistiquement, les choeurs Queenesque toujours présents rajoute un côté "comédie musicale" à cette partie de l'album qui rend le concept album crédible.
"Aftermath" commence bien sur les premières secondes, une nappe de synthé et une guitare rappelant très fortement "One" de U2. Et le reste est juste... un ennui total ! Un chant plat, des variations négligeables... ça sera le titre que tout le monde zappe !
"The Globalist" démarre de manière très séduisante et reposante. Certes, le début est copié sur Ennio Morricone, mais c'est assumé et bien repris de leur part, ça ne me dérange donc pas. Pour la suite, les guitares, que ça soit au niveau des effets ou de l'arrangement, ont été travaillées et sont très efficaces. La voix de Matthew est reposante et agréable, même si l'air du refrain est copié/collé sur celui de Thoughts Of A Dying Atheist/Unnatural Selection/Soaked. Le reste du titre est moins satisfaisant : le riff du milieu est moyen et surtout trop long/répétitif et la fin trop ennuyante, rappelant non sans mal de crâne United States Of Eurasia.
Enfin, l'album termine sur un essai A Capella de Matthew osé, mais trop long pour durer 2min35. Pour une intro ou une partie de chanson, ça aurait été très original mais là, ça donne l'impression qu'il ne savait pas comment finir l'album, alors il a pris une bonne idée et l'a fait durer au delà des limites du raisonnable.
Pour conclure, cet album transpire le manque d'inspiration maquillé par de la surproduction. Des vieux riffs réutilises, des airs et mélodies copiés à des choses qu'ils ont déjà faites. De ce septième opus sort quand même quelques titres qui en valent le détour, notamment The Handler et Reapers. Peut-être que Matthew aurait dû être plus patient et passer plus de temps à composer, chercher des riffs, des mélodies, quitte à sortir l'album plus tard. On ne choisit jamais quand vient l'inspiration et ce Drones que nous a construit Muse manque tout simplement d'âme.
Créée
le 4 juin 2015
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