La relative déception "Honest" et la rupture avec Ciara est ce qui est arrivé de mieux à FUTURE en 2014.
Parce que voilà un rappeur qui a su transformé ses tumultes sentimentaux et professionnels en art, retournant simultanément à ses racines tout en continuant à faire avancer le Rap/Trap.
Si Drake est le cœur émotionnel du hip-hop, Kendrick Lamar, l'incarnation de son âme et Young Thug, sa folie créative, en 2015 Future en est la version dépressive et droguée.
après "Monster", "Beast Mode" et "56 Nights", 3 terribles mixtapes comportant des titres fous tels "March Madness", "Codeine Crazy", "Never Gon Loose" ou encore "Lay Up", Future lâche en plein été 2015, la quintessence de ces 3 projets.
DS2 est un formidable recueil d'hymnes Traps enflammés.
Le feu couve sur chacun des 18 titres (version Deluxe), littéralement.
Grâce à une team "All-Star" composée de Sonny Digital, Zaytoven, Metro Boomin et Southside, DS2 est un embrasement d'une heure où se télescopent de nombreux Bangers qui semblent conçues pour faire exploser les haut-parleurs avec quelques délicatesses sonores dépressives.
"Thought It Was a Drought" est simplement une des intros les plus stupéfiantes pour un album Rap. Entendre Future mélangeant littéralement le sirop avec sa boisson gazeuse préférée dans la cabine d'enregistrement nous donne un aperçu de ce qu'il nous attend avec DS2.
"Dirty soda, Spike Lee
White girl, Ice T
Fully loaded AP, yeah"
L'album est lancé.
Le modèle de base est constitué de touches de clavier mineures qui entrent et sortent tandis que des beats plus ou moins rapides tournent entre des basses profondes et ancrées.
Une multitudes de bangers irrésistibles et obsédants incendie l'auditeur.
L'abrasif "I Serve The Base" et sa basse granuleuse donne le ton.
Le seul invité, Drake, vient nous faire danser sur la pépite "Where Ya At", une boucle de Banjo, Single évident.
"Groupies" enflammera n'importe quelle voiture, club ou casque tellement tout est explosif! Metro Boomin, Southside & Sonny Digital aux commandes, déflagration!
Et "Lil One", "Stick Talk", "Freak Hoe", "Blow A Bag" et l'éternel "Fuck up some commas" vous briseront la nuque tellement l'énergie et le flux de HNDRXX sont impressionnants.
Cela ne veut pas dire que DS2 est un banger trap monolithique à lui tout seul.
Au contraire, Future dévie largement la voie du «turn up» et se dirige parfois vers le roman contemplatifs, toujours drogué, toujours sexuel dans un registre émotionnel rare.
L'implosion de sa vie amoureuse et les séquelles de son chagrin d'amour semblent avoir directement inspiré sa renaissance créative comme sur le déchirant "Kno The Meaning".
Sa consommation prodigieuse de drogue est au-delà des vantardises et aux appels à l'aide; on parle quand-même de quelqu'un qui s'auto-médicamente à coups de Xanax, Percocets ou autres Mollys en alternant Lean et Henessy. Si ses paroles sont vraies, c'est la représentation musicale la plus intense de la toxicomanie depuis les 70's.
Ainsi "The Percocet & Stripper Joint" est déchirant, tout comme "Blood On The Money".
"Trap Niggas" fait figure d'hymne black dans son domaine et "Rich Sex" est une envolée porn presque sinistre.
C'est incroyable de voir comment le génie mélodique de Future et sa voix extraterrestre en mal d'amour peuvent autant de subjuguer sur DS2.
DS 2 est le type d'album que les fans s'attendaient à ce que Future produise enfin, un album qu'il n'avait aucune chance de faire dans l'état d'esprit qui a conduit à "Honest" de l'année précédente.
Future n'est jamais aussi bon que quand il va mal. Il lui a fallu traverser une crise existentielle pour accoucher d'un album uniformément génial, remarquable par la singularité de sa vision.
Car DS2 est cohérent au niveau thématique et sonore mais surtout, il trouve une puissance infernale et pénétrante en expliquant comment il est possible de passer du meilleur moment de votre vie au pire.
Et tout cela sonne si bien.
9/10