Qu’il est difficile d’accepter l’idée que l’on s’éloigne à chaque nouvelle sortie un peu plus d’un artiste qu’on a tant aimé . La dégringolade de M83 ne s’est pas amorcée, comme on pourrait le penser, avec le départ de Nicolas Fromageau après le magnifique Dead Cities, Red Seas & Lost Ghosts (2003). Before the dawn heals us (2005), première oeuvre solo d’Anthony Gonzalez était un album rageux, terriblement bruyant et pourtant d’une efficacité mélodique incroyable : du vrai rock électronique avec une section rythmique organique basse-batterie.
Non, le premier virage s’effectua réellement avec Digital Shades vol. 1, dont DSVII se veut être le petit frère. Mais en réalité, ce nouvel album de M83 n’a pas grand chose à voir avec l’ambient eighties, voire new age, de cette parenthèse instrumentale très incarnée sortie il y a déjà douze ans. A vrai dire on est désormais plus proche d’une bande originale de ces films érotiques qui passaient le dimanche soir sur M6 il y a trente ans que de la désuétude épique de ses deux derniers bons albums en date, les (déjà) bancals, Digtal Shades vol. 1 donc, et le très sucré Saturdays=Youth (2008), qui a ouvert la porte du succès aux Etats-Unis à Gonzalez.
Le Français enfonce ici le clou de son revival rance, pourtant déjà définitivement consommé dans le mauvais Junk (2016). Synthés sirupeux à souhait, naïveté confondante des mélodies, on a du mal à retrouver dans la musique de l’Antibois le côté porno provoc’ et un peu grotesque des clips de Bertrand Mandico qui accompagnent la sortie de DSVII. Mais si l’on souhaite rester optimiste on pourra toujours s’enthousiasmer sur le fait que Gonzalez, à défaut de sortir des bons disques, garde au moins une liberté artistique totale.