D'emblée, l'intro faussement grandiloquente "Devo Corportate Anthem" annonce la couleur, et nous invite à un voyage dont nous ne savons rien, et tout de go les guitares du titre "Cloackout" se précipitent dans une fuite incompréhensible sous les injonctions de la voix loufoque de Mark Mothersbaugh avant de freiner sec dans une ligne de basse jazzy que n'aurait pas reniée Frank zappa, puis le morceau repart de plus belle avec en prime des solos à l'emporte-pièce mais non dénués d"ingéniosité. Sur "Timing X" les sons et les bruitages électroniques semblent évoquer des machines qui s'emballent, un dispositif sur-équipé sur le point d'imploser. Même phénomène observé dans Wiggly World, où la machine emballée se permet quand même une pose dans un surprenant riff languissant et provocateur. Sur "Blockhead "nos joyeux génies de L'Ohio se proposent d'exprimer la froideur électro en la transposant au rythme des guitares, ce qui nous donne un son curieusement proche du grunge, et qui nous fait enfin comprendre pourquoi Kurt Cobain a eu l'intelligence de reprendre des titres de ce groupe hors-normes. "Strange Pursuit" sonne d'emblée comme une bande originelle de film, mais un film totalement décalé ( tout le monde s'en serait douté).
"Trimuph of the will" quand à lui est à base de clavier asiatiques, afin de nous concocter un thème héroïque et électro-smaouraï qu'on aurait tord de prendre au premier degré tant la voix de Mothersbaugh est hilarante de virtuosité. On peut ici penser à Captain Beefheart, autre gourou américain de la satire et de la parodie.
"Pink Pussycat", avec son rockabilly mêlé aux son des films d’espionnage nous fait penser au style des B 52-s, de même que la chanson "Secret agent man", qui se pique en prime d'une voix trainante à la Kurt Cobain ( encore lui )) et un refrain jubilatoire comme savaient en concocter les frères Ramones.
Sur Smart Patrol, le son rock s’épaissit, toujours accroché à l'électro, c'est que le temps presse, nous sommes bientôt à la fin de l'album et nos prophètes de l'Ohio doivent nous alerter d'un danger imminent, ce qui les pousse dans "Mr DNA" à emprunter au Dead Kennedys leur riffs sautillants et angoissés, présents égalent dans le final "Red eye" avec son refrain coulé dans une magnifique pop alternative.
Pour tout ça, Merci messieurs de Devo d'avoir accompli cette tâche à votre époque pour que les générations futures soient mises en garde contre le monde moderne, sans pour autant perdre le sens de l'humour....Duty now for the future est donc une mission, on ne peut plus, accomplie et un pur chef-d’œuvre.