La musique c’est du bruit qui pense.
Cette phrase célèbre de Victor Hugo, il y’a peu de chances que Dylan Carlson l’ait lu un jour, enfin va savoir…
Car si il y’a bien un genre de musique qu’on pourrait qualifier de bruit pour certains, c’est bien ce qu’il se passe ici sur le premier album de Earth.
Cet opus pourrait bien servir de bouclier de première ligne pour essuyer une bonne rafale de tout ceux qui ne voient dans le genre « ambiant » qu’une vaste fumisterie.
Remise en contexte: nous sommes en 93 et surtout à Seattle d’où vient Carlson, ou le grunge est loi. Peu s’aventurent alors à faire autre chose à ce moment la, mis à part les Melvins qui est un des meilleurs groupes du monde mais je digresse.
Car à ce moment là, même ces derniers n’auraient osé sortir un album pareil. D’ailleurs on ne sait pas encore comment appeler ce genre à l’époque ,toujours pas défini car inédit , finalement ce sera le « Drone »
Sorte d’évolution de la musique ambiante et de la Berlin school mais avec le « cosmique » en moins.
Clairement en moins.
Car ici tout se passe bien sur terre et le nom du projet est tout trouvé tant la musique proposée ici s’apparente à des ondes telluriques venant des entrailles de notre planète.
Sale ,répétitif, suffocant, anxiogène au possible.
Cette musique ne s’apprivoise pas facilement. Elle pourrait même titiller la santé mentale de certains (en plus ce disque dure plus de 70 min)
Non rien n’est facile ici, Dylan Carlson est un être trouble, d’ailleurs il fut surtout tristement célèbre pour être celui qui a « fourni » l’arme qui a servie à Kurt Cobain pour s’ôter la vie…
Et ce qu’il essaie de passer comme message est infiniment cryptique, mais il y’a sûrement un tas de raisons et de sous textes.
Notamment sur le visuel de cet LP. Étrangement lumineux , nous montrant un paysage désertique où l’on perçoit difficilement deux chevaux et une tente plantée au milieu de nulle part.
Le cheval étant un des animaux à la plus haute portée symbolique ou mythologique, il doit forcément il y avoir quelque chose à analyser.
Ou peut être pas , c’est peut être juste le délire de deux gars (Carlson donc aux guitares et Dave Harwell a la basse) extrêmement défoncés qui ont pas calculé ce qu’ils faisaient. Mais permettez mois d’en douter. Depuis eux tout un courant est né , dont Sunn o))) est un des plus fiers représentant.
Tout cela n’aurait vu le jour sans ce disque. Un pilier.
Alors oui je ne sais pas toujours à quoi, mais c’est certain, la musique est un bruit qui pense…