Quelle claque esthétique! J'étais passé à côté pendant si longtemps et c'est le film Good Will Hunting qui m'a fait découvrir Elliott Smith. Je dois dire que j'ai pas adoré le film mais il s'y trouve trois chansons de either/or ainsi qu'une musique originale que Smith a composée et qui lui a fait obtenir un Oscar. Cet album est donc considéré comme le dernier album "underground" de sa courte carrière avant le succès amené par Good Will Hunting.
Le nom est tiré du livre éponyme du philosophe existentialiste danois Kierkegaard dont l'ouvrage traite des différents styles de vie possibles entre esthète, éthique et... religion. C'est plus une fatalité qu'un dilemme, puisque une âme est selon lui vouée à passer par les trois stades durant son passage sur Terre. En bref, l'esthète c'est lorsque la vie est guidée par le désir, l'éthique c'est non pas la définition classique mais plutôt le fait de se fondre dans le moule de la généralité (famille, travail, amitié) et la religion, c'est qu'il est apparemment fatal de se tourner vers des forces externes lorsque les deux premiers stades ont échoué, dans la douleur. Je ne fais pas des études de philosophie mais je trouve cet ouvrage intéressant d'un point de vue personnel et il est indubitablement au centre de l’œuvre, voire de la vie, de Smith. Son âme tourmentée a passé les trois stades beaucoup trop rapidement malheureusement.
Musicalement maintenant, c'est sensationnel. Les paroles sont belles, les chansons ne se ressemblent pas mais s'assemblent à merveille. La voix de velours de Smith est à la fois angoissante et réconfortante. Son chant est parfois proche du murmure. C'est si angoissant, c'est si réconfortant. Je ne sais plus, either/or peut-être.