J'introduis "El Camino" dans mon auto-radio, et après trois morceaux, stupéfiants, irrésistibles, "Lonely Boy", "Dead and Gone" et le super-glam "Gold On the Ceiling", je suis forcé de me demander : mais pourquoi suis-je passé jusqu'à présent à côté des Black Keys ? Trop classiquement américain ? Trop dans l'ombre de Jack White et ses White Stripes ? A cause de leurs tronches en biais et leur look broussailleux ? Parce qu'il y en a un peu marre des noms de groupes qui commencent par "Black " ? Ouais, sans doute, sans doute… En tout cas, "El Camino" ressemble à un super jukebox programmé uniquement pour notre plaisir le plus basique, qui mélange sans pudeur blues rock traditionnel poussiéreux, soul sévèrement burnée, sonorités mariachi noyées dans la tequila, envolées gospel au front très très bas, rock'n'roll redoutablement primitif… et qui modernise ce cocktail explosif à coup de mélodies pop lumineuses, sans oublier cette surprenante touche "glam-rock" qui n'a rien à faire ici mais rend les choses encore plus réjouissantes. "El Camino", on ne sait pas trop dire si c'est de la musique complètement primaire ou contraire le sommet de la sophistication - car il en faut quand même, et de l'inspiration et de la transpiration pour atteindre ce genre d'évidence commerciale…
[Critique écrite en 2011]