El Pintor
6.5
El Pintor

Album de Interpol (2014)

Ténébreux, énergique, maîtrisé : une mue réussie

Il y avait 'Turn on the Brights Lights', premier album des new-yorkais sorti en 2002, ovni musical qui avait installé Interpol parmi les groupes les plus prometteurs de la scène indé. Las, le groupe a ensuite peiné à confirmer auprès du public : ni le deuxième album 'Antics', plus lumineux, ni le troisième 'Our Love to Admire', plus lancinant, ne remportent la même adhésion. Selon moi il aura surtout manqué à ces bons opus la franche ambition de dépasser le succès originel. Et à force de ne pas trouver quelle voie choisir pour se renouveler, le groupe s'est enfoncé dans un quatrième album (sobrement titré 'Interpol') excessivement sombre et dépressif mais surtout mélodiquement très répétitif. De cette impression de tourner en rond le groupe n'est pas sorti indemne, annonçant le départ de son bassiste Carlos Dengler en 2010.

Après une prestation assez terne à Rock en Seine 2011, c 'est donc un trio au bord de l'implosion que j'ai peu à peu perdu de vue, relativement pessimiste quant à leur avenir mais toujours ravi de réécouter leurs chansons de temps en temps. Ce mélange si particulier de textes mélancoliques et de refrains rythmés m'apparaissait alors comme un vestige des années 2000.

Mais ça, c'était jusqu'à la semaine dernière. Et oui, Interpol nous revient avec un nouvel album. Le trio n'est pas mort, il est plus vivant que jamais ! 'El Pintor' (savant anagramme) marquera certainement un tournant dans la carrière d'Interpol. Un tournant lyrique, énergique et maîtrisé, qui nous assène claque sur claque : le faussement calme "All the Rage Back Home", l'hallucinant "My Desire" (où Paul Banks ose s'aventurer dans les aïgus, oui les aïgus!), l'explosif "Anywhere", le très pop "Same Town New Story"... tous les titres pourraient être ici énumérés, jusqu'au cold-wave de "Twice As Hard" qui vient clôturer avec beaucoup d'émotion cette quasi résurrection.

Sincère, incroyablement homogène en qualité, fort et authentique : El Pintor représente certainement un nouveau départ pour ce groupe. Et à mes yeux un prétendant pour le titre de meilleur album rock de l'année 2014.
Guigui_Parigi
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 26 oct. 2014

Critique lue 417 fois

1 j'aime

Guigui_Parigi

Écrit par

Critique lue 417 fois

1

D'autres avis sur El Pintor

El Pintor
Drou
9

El Pintor sur Et ça Critique!

Avec El Pintor c'était presque écrit d'avance que ce serait l'amour fou. All The Rage Back Home - tout particulièrement - et Ancient Ways nous avaient séduit dès la première écoute. Carlos Dangler...

Par

le 27 août 2014

2 j'aime

El Pintor
Guigui_Parigi
8

Ténébreux, énergique, maîtrisé : une mue réussie

Il y avait 'Turn on the Brights Lights', premier album des new-yorkais sorti en 2002, ovni musical qui avait installé Interpol parmi les groupes les plus prometteurs de la scène indé. Las, le groupe...

le 26 oct. 2014

1 j'aime

El Pintor
Thibox
9

Welcome back.

Touchés par la grâce, les new-yorkais d'Interpol sont de retour après dix ans de silence avec un El Pintor flirtant avec l'excellence. Et pourtant, ce n'était pas gagné vu les déceptions enchainées...

le 22 oct. 2014

1 j'aime

Du même critique

Les Rayures du zèbre
Guigui_Parigi
6

A la recherche de l'incroyable talent, une fois !

Primo, j'aime beaucoup les films sur les 'à côté' du football : la satire sociale de "Coup de Tête", l'hommage déguisé de "Looking For Eric" ou encore l'émouvant "La Coupe" (où 2 moines tibétains...

le 8 févr. 2014

6 j'aime

3

Roma Æterna
Guigui_Parigi
5

Roma Repetita

Une sympathique uchronie au synopsis accrocheur : si les religions monothéistes n'avaient pas déstabilisé l'empire romain, que serait-il devenu? Robert Silverberg, chantre de la S-F américaine, nous...

le 21 déc. 2015

2 j'aime

Mad Max - Fury Road
Guigui_Parigi
8

Fury, please !

Bon, il est inutile de trop s'appesantir sur la généalogie de ce film (entendre par là les fameux ainés avec Mel Gibson dans le rôle titre). Anecdotique et à peine évoquée en introduction de Fury...

le 20 mai 2015

2 j'aime