L'album oublié de l'age du Crétacé
En 1970, on a des raisons d'être triste dans le monde du rock. Les Beatles explosent comme une étoile qui meurt, Jimi Henrix, Jim Morrison et Janis Joplin s'en vont tous en même temps comme si quelqu'un avait fixé une date, le rêve hippie commence à prendre fin et les anciennes légendes sont peu à peu tous remplacées (sauf le Rolling Stones et les Who) par les nouvelles (Led Zeppelin, Pink Floyd, Bowie...). Forcément, avec de nouveaux leaders, de nouveaux genres apparaissent ( le hard rock pour Led Zep, le rock progressif pour Pink Floyd, etc ) Cependant, comme on dit, l'histoire est écrite par les vainqueurs et certains genres sont beaucoup plus connues du grand public que d'autres. Avec T-Rex, il s'agit du Glam Rock. Ce terme vous rappelle peut être un album nommé ''Ziggy Stardust'' qui date de 1972, mais ''Electric Warrior'', sorti un an avant, est tout aussi représentatif du genre que ''Ziggy'' tout en étant moins space, plus rock'n'roll. La plus grande différence avec Bowie, c'est que le son de ''Electric Warrior'' est adolescent, moins ambitieux en quelque sorte.
L'album s'ouvre sur ''Mambo Sun'' dont les choeurs inoubliables m'ont hanté pas mal de temps après l'écoute. Suivant un ''Cosmic Dancer'' un peu mou à mon goût, vient ''Jeepster'' avec son riff énergique et entêtant. L'une des meilleures chansons du groupe. La face A s'achève avec ''Monolight'' au rythme assez lent au cris animales de Bolan suivi de ''Lean Woman Blues'' qui est justement plus... blues.
La face B est tout simplement époustouflante par sa constante qualité des chansons et la variation des rythmes tantôt rapides et violents, tantôt lents et reposants. C'est cette face qui rend pour moi l'album non pas simplement bon mais légendaire. Tout d'abord, ''Get It On'' avec son refrain puissant et extrêmement efficace et la basse groovey, précédant ''Planet Queen'', noyée dans une ambiance psyché-space avec ses choeurs étranges et la voix calme, puis écorchée de Marc Bolan. Cette chanson est un chef-d'oeuvre. La suite est tout aussi bien, mais dans un autre style. ''Girl'' est acoustique et hypnotique, on ne peut s'empêcher de suivre les ''du-du-du-du'' de cette chanson qui contraste avec la joyeuse ''Motivator'', un peu dans le genre de ''Jeepster''. L'avant dernière perle du disque, ''Life's A Gas'', est un morceau acoustique qui agit comme un neutralisant pour moi. Elle ne fait pas juste oublier les problèmes en question, elle leur fait tout simplement perdre leur sens et on en a plus rien à faire si la CPE va nous donner le quatrième avertissement de comportement en un an. L'album se termine sur un ''Rip Off'' dévastateur aux riffs bien senties et aux arrangements bien comme il faut.
Vous l'aurez compris, cet album, injustement enterré sous les frasques souvent ''too-much'' et prétentieux de groupes progressifs de la même époque, est un must pour tout amateur de rock.