Dès les premières notes de "Eléor", le charme agit, imparable... et ne se démentira au cours des 40 minutes qui suivent, ni au fil d'écoutes répétées, qui ne semblent aucunement user l'album : nous sommes ici dans une sorte d'expression parfaite de l'univers de Dominique A, avec sa tristesse follement élégante, ses déchirures électriques ou émotionnelles soudaines, ses mélodies qui serrent un peu le cœur, mais semblent éveiller le meilleur en nous, et au final cette impression tellement satisfaisante de plénitude des sentiments... "Eléor" n'a certes pas l'ambition de "Vers les Lueurs", et c'est sa limite : il marque un repli de Dominique A sur des territoires qu'il a déjà bien arpentés, au risque - clairement assumé - de la répétition, et aussi des limitations inhérentes à la "chanson française". Cependant, l'assurance impérieuse qui se dégage de la plupart de ces chansons (pourtant si magnifiquement fragiles) transforme la redite en évidence lumineuse : les cordes, qui subliment ici plusieurs chansons, ainsi que l'ouverture vers l'ailleurs, vers l'inconnu, même, grâce au thème du voyage qui traverse l'album, confèrent à "Eléor une respiration nouvelle, qui est la marque des grands albums, des albums qui pourraient bien nous devenir vitaux...
[Critique écrite en 2015]