Encore (Live) par Benoit Baylé
Le live Encore n’aurait jamais dû voir le jour. Mais l’occasion était trop belle. Courant 1977, à la suite d’une tournée en Amérique du Nord, Peter Baumann quitte Tangerine Dream pour les besoins d’une carrière solo en devenir. La maison de disque, incertain de l’avenir du groupe sans son maître à textures, décide de publier un dernier témoignage de la période, l’enregistrement de la tournée précédant ce départ, celle aux USA et alentours. La pochette américano-patriote ainsi expliquée, abordons désormais la teneur même de ce testament live.
Plus qu’une simple retranscription de concerts, Encore est une pièce historique permettant d’en apprendre plus sur les raisons du départ de Peter Baumann. Il suffit de constater le retour, non seulement aux structures élongées des morceaux (4 de 16 à 20 minutes), mais aussi et surtout aux ambiances atmosphériques arythmiques, pour comprendre que Tangerine Dream commence sérieusement à tourner en rond. Stratosfear apportait une lueur de constructivité dans les structures mélodiques, le live Encore est la preuve que celles-ci sont perdues à l’aube de l’année 1977. Ceci est à mettre sur le compte des improvisations et de l’unicité de chacun des concerts de l’époque, bien entendu. Mais, par certains aspects, il apporte une sombre réminiscence des années Phaedra/Rubycon (« Cherokee Lane »).
Pour autant, Encore ne réprésente pas la simple exposition des limites du trio à cette époque, il permet aussi de percevoir ses ambitions de l’époque : le jusqu’au boutisme mélodique dont font preuve Edgar Froese à sa guitare notamment, et Chris Franke aux lignes séquentielles, y est tout simplement époustouflant. Quelques mélopées préfigurent même Force Majeure, paru deux ans plus tard.
L’accueil mitigé réservé dans ces paragraphes à Encore s’explique aussi par l’homogénéité trop poussée des titres, si bien qu’à la fin de l’écoute, rien de particulier ne s’en dégage, hormis une sombre impression d’inachevé. Dommage, car les bonnes idées ne manquent pas, en particulier sur « Moonlight », où piano et synthétiseurs cohabitent avec parcimonie, appuyés par une ambiance cosmique fort agréable, dont certains plans reprennent d’ailleurs directement ceux de Stratosfear.
Une fois les écoutes digérées, cet album live dispensable fournira tout de même quelques bonnes réminiscences électroniques à son auditeur. Il s’agit là des dernières ambiances distillées par Peter Baumann, d’où son intérêt. Froese et Franke vont par la suite poursuivre l’œuvre du Dream, au détour de nouveaux changements de personnel.