"There is a Japanese term: Mono no aware. It means basically, the sad beauty of seeing time pass - the aching awareness of impermanence. These are the days that we will return to one day in the future only in memories."
The Midnight ne pouvait pas mieux décrire de quel matériel allait être faite leur musique. Bien avant même de l'écouter je savais déjà tout ce à quoi j'aurais à faire.
Un design noir/bleu/rose, un titre annonçant la nostalgie d'un été qui n'aurait jamais du s'arrêter, et, forcément, La Femme, étaient des indices suffisamment parlants pour me donner une idée de la musique.
En bon amoureux de la nostalgie d'un temps qui n'a jamais existé, j'ai naturellement développé une inclinaison envers la synthwave. Je l'apprécie pour ses couleurs, ses nappes de synthétiseurs, ses paysages sonores et son idéalisme sans fin. The Midnight allait être une nouvelle modalité d'expression de mon penchant.
Mais voilà : à trop prendre Endless Summer comme un "more of the same", mes premières écoutes furent douloureuses . L'album ne possède pas ces synthé abrasifs tels qu'on peut les retrouver dans l'œuvre de College. Les morceaux sont bien plus longs que la norme et peuvent ainsi mélanger plusieurs univers à la fois, comme sur le morceau-titre qui n'hésite pas à changer brusquement de voie pour perdre celui qui pensait connaître son chemin.
Pire encore : au lieu d'une voix féminine sensuelle, je me retrouve à écouter un timbre prépubère légèrement agaçant qui se bat avec le saxophone pour savoir lequel des deux mène le jeu. Parce que oui, The Midnight c'est avant tout et surtout le saxophone porté aux nues. Une prise de risque inhabituelle dans le milieu, et salutaire car elle est à la base de ce qui fait le charme unique du groupe.
De l'énergie juvénile de Sunset à la course effrénée de Jason, c'est dans la seconde moitié de l'album que la douloureuse nostalgie du saxophone prend toute la place. Offrant ainsi au duo Vampires/Crockett's Revenge l'occasion de peindre un portrait de la mélancolie bleu-rose sous une forme cuivrée.
Endless Summer ne peut s'apprécier que si l'on s'approprie bien personnellement sa nostalgie : celle de la douleur d'un moment de grâce à jamais perdu, mais qui aura eu le mérite d'exister, ne serait-ce que dans notre idéalisation. Tous les morceaux de l'album ne jouent que sur ce registre, qui n'aura aucune consistance tant que l'auditeur ne l'aura pas relié à son ressenti personnel.
Donc finalement Endless Summer n'avait aucun rapport avec mes préjugés, et je me suis totalement fourvoyé en croyant avoir à faire avec un banal album de synthpop comme il en existe déjà des milliers.
Mea culpa. Qu'on ne m'y reprenne plus.